La douleur est palpable à l’épicier situé à l’entrée du district chiite de Khandak Al-Ghamik, en plein cœur de Beyrouth. Une jeune employée, vêtue d’un hijab foncé, ne peut contenir ses larmes depuis que le décès du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a été rendu public par le groupe ce samedi 28 septembre. Il a été tué lors d’une attaque israélienne la veille au sud de la banlieue, une zone dominée par le parti chiite. La perte de ce leader bien-aimé a profondément touché de nombreux chiites.
Autour de l’épicerie, une atmosphère de deuil a pris racine. Des hommes, gravement silencieux, attendent des instructions sur la procédure de deuil, assis sur des chaises en plastique. L’un d’eux arbore des bandages sur le visage et les mains, une vue courante parmi les membres du Hezbollah qui ont été blessés dans une explosion de pager il y a dix jours, supposément orchestrée par Israël. D’autres se tiennent à l’entrée d’un immeuble, échappant aux balles égarées. On peut entendre régulièrement le son éclatant de tirs rendant hommage au « martyr ».
À l’intérieur du quartier, l’environnement est sous tension. La jeunesse locale oscille entre l’indignation et le sentiment d’être égarée. À ce jour, rien de la part du parti chiite n’a été communiqué. Les dirigeants locaux du Hezbollah craignent de ne pas pouvoir maîtriser la situation. Les médias sont priés de garder leurs distances en cette période de chagrin qui pourrait dégénérer à tout moment.
L’étonnement vient d’abord de la rapidité avec laquelle le Hezbollah, un mouvement politique et militaire qui s’était établi comme un acteur régional non étatique influent, a été décapité. « En dix jours seulement, les événements se sont précipités, » observe Ali Mourad, un enseignant et activiste politique. Il note que le Hezbollah a subi des dommages significatifs, bien qu’il soit encore nécessaire de déterminer l’étendue de la désorganisation.
« Il représentait tout pour nous »
« La population a perdu ses balises. Elle a perdu son leader suprême, qui incarnait à la fois sa puissance et sa domination sur la scène politique au Liban », déclare M. Mourad. L’impression de puissance et de fierté renvoyée par Hassan Nasrallah, dont le charisme n’avait pas d’égal au sein de la communauté chiite, est maintenant remplacée par un sentiment de fragilité.
« La disparition du sayyed Nasrallah ne va pas éliminer le mouvement, mais elle brise nos cœurs. Pour nous, il représentait tout, tout pour le Liban, à la fois un père et une idole. Nous avons grandi sous son influence. Il nous guidait. Ils l’ont assassiné parce qu’il avait de grandes ambitions », affirme Hussein (le nom a été modifié) les yeux rougis. Au cours des attaques de cette semaine dans la banlieue sud, il a perdu neuf membres de sa famille. Ce volontaire du Parti de Dieu, âgé de 21 ans, fournit de l’eau aux personnes déplacées qui ont cherché refuge la nuit précédente sur la place des Martyrs, au cœur de Beyrouth.
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