Depuis qu’elle est montée au pouvoir il y a deux ans, Giorgia Meloni, la dirigeante italienne, s’est concentrée sur une priorité majeure : combattre l’immigration illégale. Cette question a été le cœur de ses discours et de ses rencontres à travers le monde, y compris lors de son intervention à l’ONU où elle a réaffirmé son message clé : la défense du « droit de ne pas émigrer ».
Son travail a porté sur l’élaboration de partenariats économiques, bien que naissants, avec plusieurs pays africains. Cependant, cela s’est principalement manifesté par une délégation de plus en plus importante du contrôle des frontières européennes aux pays du sud de la Méditerranée. Et cela, malgré les sérieuses violations des droits de l’homme commises contre les migrants cherchant à se rendre en Europe.
Sur ce registre, la Tunisie est son allié majeur. Cette stratégie a été un franc succès dans l’opinion de ses électeurs selon elle. De fait, les débarquements sur les côtes italiennes ont nettement diminué. Pour l’année 2024, le 25 septembre, on dénombrait 47 569 arrivées, contre 133 098 au même moment en 2023, conformément aux statistiques du ministère de l’Intérieur italien. D’autre part, selon les chiffres de Frontex, l’agence européenne des gardes-frontières, les flux migratoires sur le parcours central de la Méditerranée ont baissé de 61%.
La migration a été habilement manipulée par la présidente du conseil italien comme un outil pour renforcer le statut international de son pays. Sa stratégie a fait de l’Italie un acteur incontournable dans les discussions à Bruxelles, créant ainsi un moule qui peut être utilisé par d’autres. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a exprimé son soutien à cette initiative. L’approche de l’Italie a également été applaudie par le premier ministre britannique, Keir Starmer du Parti travailliste, lors de sa visite officielle à Rome le 16 septembre, où il a salué les « avancées impressionnantes » de l’Italie dans la lutte contre l’immigration clandestine.
L’allemande Nancy Faeser, dirigeante du ministère de l’Intérieur et sociale-démocrate, est allée jusqu’à parler d’un « modèle albanais », faisant référence aux centres de détention italiens en Albanie destinés à traiter les demandes d’asile de certains migrants. La migration a été un sujet important lors d’une discussion entre Mme Meloni et son homologue allemand, Olaf Scholz, le jeudi 26 septembre. Les deux sont convenus de maintenir une « communication étroite » en préparation des prochains conseils européens. «Gérer la migration en se concentrant sur ses aspects extérieurs peut être la clé pour remporter l’adhésion de tous les acteurs», explique Matteo Villa, expert en migration à l’Istituto per gli studi di politica internazionale, un institut de recherche basé à Milan.