« L’importance du droit de choisir est fondamentale. » C’est dans un contexte d’anxiété et de vigilance que, six mois après la ratification de l’interruption volontaire de grossesse (IVG) dans la Constitution, des centaines d’individus ont défilé le samedi 28 septembre à Paris et dans diverses localités de France afin de protéger le droit à l’avortement.
En cette journée mondiale consacrée à ce droit que certains pays entravent encore ou ne reconnaissent même pas, le défilé a débuté à Paris, à l’initiative du collectif Avortement en Europe, les femmes décident, qui rassemble des associations féministes et des syndicats. Le contenu de l’appel à manifester exprime l’inquiétude concernant une possible « révision à la baisse » des clauses de la « liberté garantie » d’accéder à l’IVG intégrée à la Constitution en mars – une initiative sans précédent mondialement.
Thomas Laurent, 44 ans, un travailleur intermittent du spectacle portant un badge de la CGT, soutient auprès de l’Agence France-Presse (AFP) que cette inclusion « n’évitera pas la suppression de l’aide médicale d’État » (AME) qui assure gratuitement, en fonction des conditions, certains soins aux immigrants en situation irrégulière.
« C’est une source d’inquiétude », car « les femmes sans papiers ne pourront plus bénéficier des soins gynécologiques et de l’IVG », a-t-il déclaré. Cette peur se manifeste par le nombre croissant de pancartes « Ne touche pas à l’AME » et « le droit à la santé, avec ou sans papiers », au sein d’un cortège majoritairement féminin et jeune.
Tous les « droits acquis » ont été « préservés en totalité ».
Dans le cadre de la manifestation de Toulouse, des centaines de personnes brandissaient des pancartes avec des messages tels que « IVG pénalisée, femmes sacrifiées » et « mon corps, mon choix ». La députée écologiste Sandrine Rousseau s’est jointe à eux, soulignant l’inquiétant recul du droit à l’avortement dans plusieurs pays, attribué à la montée de l’extrême droite. Rousseau met en garde contre le fait que ce droit est constamment menacé et insiste sur la nécessité d’une vigilance constante. Elle a relevé l’existence de « quelques députés et sénateurs », tels qu’Annie Genevard et Bruno Retailleau, qui ont voté contre l’inscription de l’avortement dans la constitution, suite à l’entrée au gouvernement de Michel Barnier.
A Lille, environ 150 manifestants ont exigé la démission des législateurs qui ont voté contre l’inclusion de l’avortement dans la Constitution en mars dernier. De nombreuses pancartes portaient des slogans comme « Si tu ne veux pas que j’avorte, castre-toi » et « Le droit de choisir est vital ». A Nice, un rassemblement d’une centaine de personnes a eu lieu pour exprimer leur soutien aux femmes du monde entier.
En 2023, 243 623 avortements ont été réalisés en France, selon les statistiques officielles, soit une augmentation de 8 600 par rapport à 2022. Cependant, les organisations féministes et 89% des Français estiment qu’il existe toujours des entraves à l’accès à l’avortement, notamment en ce qui concerne les structures et les délais, d’après un baromètre IFOP publié par le Planning Familial. En revanche, l’association Alliance Vita, opposée à l’avortement, affirme que son accès s’est « simplifié et banalisé ». Le premier ministre Michel Barnier a promis de « préserver intégralement » tous les « droits acquis », y compris en matière d’avortement.
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