Emmanuel Macron, le chef d’état français, a prévu de voyager au Maroc vers la fin d’octobre, une déclaration faite par l’Elysée à l’AFP, ce vendredi 27 septembre. Cette visite vise à revitaliser les relations bilatérales qui se sont refroidies ces derniers temps. Le roi Mohammed VI a exprimé son enthousiasme pour les perspectives prometteuses que cette visite présente pour les deux nations dans une lettre d’invitation adressée à Macron. Selon l’Elysée, le roi Mohammed VI espère que cette opportunité favoriserait une vision nouvelle et ambitieuse pour le partenariat exceptionnel qui couvre divers secteurs stratégiques et qui respecte les priorités des deux pays.
La France a été le catalyseur de cette amélioration des relations bilatérales en soutenant le Maroc sur la question du Sahara occidental, un ancien territoire colonial espagnol que le Maroc contrôle en grande partie mais que le Front Polisario indépendantiste sahraoui revendique. Le 30 juillet, la France a intensifié son appui au plan de Rabat qui propose l’autonomie du Sahara occidental sous souveraineté marocaine, en le considérant désormais comme la seule solution viable pour régler un conflit qui dure depuis près de 50 ans. Le Maroc, qui a franchi une étape significative en obtenant la reconnaissance de sa souveraineté sur le Sahara occidental par l’administration américaine de Donald Trump à la fin de 2020, en échange d’un rapprochement avec Israël, attendait ce soutien de la part de la France.
La France, qui abrite une vaste diaspora marocaine et fut une ancienne colonie, a modifié son point de vue suite à la pression de Rabat, dans le sillage de Berlin et Madrid. Bien que M. Macron n’ait pas explicitement reconnu la « marocanité » du Sahara occidental, il a implicitement accepté que le présent et le futur de cette région s’inscrivent sous la souveraineté marocaine. Ce revirement n’a pas manqué de provoquer la colère d’Alger, qui appuie le Front Polisario et a immédiatement rappelé son ambassadeur à Paris, entraînant une nouvelle crise des relations bilatérales. Les séparatistes continuent à exiger un référendum d’autodétermination promis lors du cessez-le-feu de 1991 mais jamais tenu.
En effectuant enfin ce voyage au Maroc, en cours de discussion mais continuellement reporté depuis 2022, M. Macron cherche à surmonter une série de tensions précédentes. La politique de rapprochement qu’il avait initiée avec l’Algérie, qui a rompu ses relations diplomatiques avec Rabat en 2021, avait considérablement irrité le Maroc. En 2021, la décision française de réduire de moitié les visas accordés aux Marocains avait également suscité de vives critiques. Elle visait à encourager Rabat à coopérer davantage sur la question de l’immigration illégale, comme avec les autres pays du Maghreb. Un peu plus d’un an après, cependant, Paris a fait marche arrière et la politique des visas a repris son cours normal.
Nouveaux horizons économiques
Du côté français, les informations indiquant que les téléphones de M. Macron et de ses ministres avaient été visés en 2019 par le Maroc, utilisant le logiciel espion israélien Pegasus, n’ont pas été bien reçues. Rabat a réfuté ces allégations.
L’amélioration des relations franco-marocaines offre de nouvelles opportunités économiques et commerciales pour les sociétés françaises, qui ont été discrètes ces dernières années en raison de divers litiges. Suite à la modification de la position de Paris, la compagnie d’ingénierie française Egis a obtenu un contrat pour l’expansion de la ligne à grande vitesse entre Kénitra et Marrakech.
Le Sahara occidental, riche en réserves piscicoles et en phosphates, a un potentiel économique important. Grâce à ses vastes ressources solaires et éoliennes, il joue un rôle essentiel dans le développement économique du Maroc, qui mise sur les énergies renouvelables et veut se faire une place sur le marché de l’hydrogène vert. Des compagnies françaises y sont déjà tel que l’entreprise d’énergie Engie pour la construction d’une usine de dessalement et d’un parc éolien.
La France espère également renouer avec l’Algérie malgré les récents conflits. Emmanuel Macron a souligné sa détermination à poursuivre « le travail de mémoire, de vérité et de réconciliation » après le second mandat du président Abdelmadjid Tebboune, élu le 7 septembre, à qui il a exprimé ses « vives félicitations ».
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