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28 septembre 2024 20 h 49 min

L’immigration, une préoccupation majeure en Europe

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Depuis le début du mois de septembre, lorsque l’Allemagne a instauré des contrôles à ses frontières internes, la question de l’immigration est revenue au centre des discussions en Europe. Le premier ministre travailliste britannique, Keir Starmer, s’est rendu en Italie pour s’enquérir de la politique d’immigration stricte de la présidente du conseil, Giorgia Meloni. Suite à cela, à la mi-septembre, les Pays-Bas et la Hongrie ont officiellement sollicité la Commission européenne pour obtenir une exemption leur permettant de ne pas participer à la politique d’immigration commune en cas de modification des traités, tandis que l’Autriche est dominée par cette question pendant la campagne législative.

En France, Bruno Retailleau, à peine nommé ministre de l’intérieur, a annoncé le 23 septembre qu’il souhaitait mettre un terme au « désordre migratoire », moins d’un an après la dernière loi restrictive sur le sujet. De même, la première ministre danoise, Mette Fredriksen du parti social-démocrate, a déclaré : « Nous devons malheureusement être très durs en matière d’immigration ». À Bruxelles, on résume la situation en disant qu’il n’y a désormais plus aucun tabou sur cette question.

Pourquoi assistons-nous à un tel durcissement des discours alors que les arrivées illégales ont diminué de 39 % depuis le début de l’année 2024 (à 140 000 personnes) et que le nombre de demandes d’asile, bien qu’au plus haut niveau, reste relativement modeste par rapport à une population continentale de 450 millions? Qu’ils soient de droite ou de gauche, les leaders européens ont adopté une position plus rigide sur la question et n’hésitent pas à s’approprier les idées défendues par l’extrême droite depuis quarante ans.
« Une manière de polariser le débat ».

Selon Matthieu Tardis, chercheur chez Synergies Migrations, les annonces politiques relatives à la migration fluctuent souvent en fonction des événements électoraux dans divers pays. Par exemple, suite à une défaite importante du SPD (Parti social-démocrate) en Allemagne contre le parti d’extrême droite, l’AfD, et des événements tragiques comme l’attaque au couteau perpétrée par un réfugié syrien, l’Allemagne a décidé de rétablir le contrôle des frontières. En France, cependant, une politique migratoire plus sévère est devenue une caractéristique importante du nouveau gouvernement, entrainant une polarisation du débat.

D’un autre côté, Gerald Knaus, président autrichien de l’Initiative européenne de stabilité, rappelle que les récentes annonces d’Allemagne et d’Autriche sont le résultat d’une décennie d’accueil massif de migrants. Entre 2014 et 2023, l’Allemagne a reçu 35 % de tous les demandeurs d’asile en Europe, soit environ 2,5 millions de personnes. Environ 1,4 million d’entre eux ont été reconnus comme réfugiés, soit presque la moitié de tous les réfugiés accueillis en Europe. De plus, l’Autriche a accueilli le plus grand nombre de réfugiés en proportion de sa population.

Le politologue Ivan Krastev, du Centre pour les stratégies libérales de Sofia, a noté que suite à de grandes vagues migratoires, il y a généralement une réaction, souvent sous forme d’une politique plus protectionniste. Par exemple, cela s’est produit aux États-Unis après chaque grande vague migratoire.