La question de l’association entre le célibat obligatoire pour les prêtres catholiques et les cas d’abus sexuels perpétrés par certains d’entre eux persiste malgré les rejets constants du Vatican en faveur de l’ordination des prêtres mariés. À la suite de chaque scandale, ce débat revient à la une. Céline Béraud, sociologue et auteure de « Catholicisme français à l’épreuve des scandales sexuels », souligne que ces scandales aident à démystifier la sexualité des prêtres, une notion souvent évitée par les catholiques, et à remettre en question l’idéalisation du célibat.
Le dernier incident en date, qui peut-être est le plus choquant, met encore une fois cette exigence sous les projecteurs. Les révélations sur Henri Grouès, connu comme l’ « abbé Pierre », qui a été ordonné prêtre en 1938, ont une fois de plus déclenché une vague de critiques contre ce commandement, rejeté par les autres principales religions chrétiennes à travers le monde. Michel Bellin, ancien prêtre, a questionné lors d’une tribune publiée dans Le Monde le 13 septembre : « Quand vont-ils agir ? (…) Après la désacralisation de l’homme au béret (…), les autorités vont-elles enfin se remettre en question sur (…) l’atténuation de la règle du célibat très tardive ? ». Il a critiqué « un système ecclésiastique autoritaire qui, comme à l’époque révolue (préfreudienne), continue à saisir, à dénigrer et à confiner la sexualité de ses membres, les condamnant au joug du célibat ».
L’acteur Lambert Wilson, qui a joué le rôle de l’abbé Pierre dans le film Hiver 54 réalisé par Denis Amar en 1989, a exprimé son point de vue le 10 septembre dans l’émission « C à vous » sur France 5. Wilson a émis l’idée que l’abbé Pierre avait du mal avec le vœu de célibat, tout en respectant l’Église. C’est une contribution à une discussion qui a traversé les siècles.
Cependant, le sujet du célibat n’est pas l’objet central de ce débat. Des personnes se sont exprimées pour rejeter à chaque apparition de violences sexuelles toute corrélation avec l’Église ou le célibat des prêtres. Eric de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques de France, a exprimé à son tour dans une tribune du Monde publiée le 16 septembre, que stigmatiser l’Église et le célibat sacerdotal ne rend pas justice à ce que les agressions sexuelles commises par l’abbé Pierre nous oblige encore à reconnaître. Il a également invité la société à réfléchir sur la manière dont elle dépeint la sexualité auprès des jeunes générations.
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