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27 septembre 2024 6 h 44 min

Sonko dénonce corruption au Sénégal

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L’état de désastre financier au Sénégal était bien au-delà des attentes, a révélé le Premier Ministre Ousmane Sonko lors d’une réunion de presse tenue à Dakar le jeudi 26 septembre. La nouvelle administration était en train de faire un bilan de la situation financière qu’elle a hérité. Sonko a pointé du doigt l’ancien président Macky Sall pour avoir adopté une politique de surendettement, qui a conduit à une utilisation opaque des fonds publics et a favorisé une corruption à grande échelle. Il a condamné cette approche comme une stratégie de détournement systématique des fonds publics.

Nommé Premier Ministre en avril 2024, à la suite de la victoire impressionnante de son précédent numéro deux, Bassirou Diomaye Faye, à l’élection présidentielle, Sonko a promis d’ouvrir des enquêtes. Il a reproché aux anciens dirigeants d’avoir falsifié les chiffres et menti, y compris à leurs partenaires internationaux, par exemple sur la question de la dette. « La gouvernance de Macky Sall a trompé la population, a trompé les partenaires et a contrefait les chiffres pour présenter une image économique et financière qui est loin de la vérité », a martelé Sonko, « Des responsabilités devront être attribuées », a-t-il avancé.

Les anciens ministres de l’Economie Abdoulaye Daouda Diallo et Mamadou Moustapha Ba, l’ancien Premier Ministre Amadou Ba, l’ex-Président Macky Sall, « conscients de ces pratiques, devront justifier devant les Sénégalais pourquoi et comment ils ont laissé le pays s’enfoncer dans ce marasme », a-t-il rajouté en guise d’avertissement.

Le Ministre de la Justice, Ousmane Diagne, suggère que les agissements potentiellement coupables feront l’objet d’une enquête par les instances judiciaires compétentes. Cette déclaration donne un espoir de changement pour la jeunesse sénégalaise.

La première conférence de presse du gouvernement, attendue par beaucoup, s’est tenue avec messieurs Faye et Sonko, les nouvelles figures du pouvoir portées par l’aspiration au changement des Sénégalais. Une population jeune, dont plus de la moitié a moins de 19 ans, s’efforce de trouver de l’emploi pour vivre décemment, mais aucun plan d’action détaillé n’a encore été dévoilé six mois après l’arrivée au pouvoir de ces dirigeants.

Le 17 novembre, les Sénégalais iront aux urnes pour élire une nouvelle Assemblée, après que le président Faye ait dissous le Parlement actuel, encore majoritairement favorable à l’ancien président. Le Fonds monétaire international a annoncé en septembre une prévision de dégradation de la situation budgétaire du Sénégal et une croissance ardue en 2024, appelant à de « fortes actions ». De plus, l’Agence nationale de statistique a révélé en septembre un taux de chômage de 21,6% pour le deuxième trimestre, soit une augmentation de 3% par rapport à la même période en 2023.

De nombreux citoyens sénégalais continuent de fuir leur pays pour l’Europe, embarquant sur des pirogues, et malheureusement, plusieurs ont perdu la vie en traversant l’Atlantique cette année, même après l’arrivée au pouvoir de M. Faye.

Le gouvernement a annoncé le lancement d’un « agenda national de transformation » le 7 octobre. Quant à la question sur les actions que M. Sonko prévoit pour améliorer la vie quotidienne des Sénégalais, celui-ci s’est abstenu de répondre afin de ne pas détourner l’attention de son discours.

Entre Faye et Sonko, il a toujours été question de demander des comptes. De nombreux anciens responsables politiques sont déjà sous enquête et un grand nombre d’entre eux ont été empêchés de quitter le pays, ce que l’ancienne équipe présidentielle qualifie de vendetta.

Selon les affirmations du ministre de l’économie, Aboudrahmane Sarr, les chiffres initialement publiés étaient loin de la réalité. Le déficit budgétaire communiqué était de 5,5% du PIB entre 2019 et 2023, mais en réalité, il s’élève à 10,4%. De plus, la dette publique révélée était de 65,9% du PIB, mais en fait, elle atteignait 76,3%.

Pour corriger la situation, MM. Sarr et Sonko ont esquissé de nouvelles directives économiques. Ils prévoient de réduire la dette publique de 83,7% du PIB en 2023 à moins de 70% et de ramener le déficit budgétaire à 3% « en temps opportun », comme déclaré par M. Sarr.

Plusieurs mesures ont été proposées, telles que l’élargissement de la base fiscale, la restructuration des dépenses, l’élimination des subventions énergétiques et la formalisation de l’économie sénégalaise, qui est principalement informelle. Ils se sont engagés à atténuer l’impact de ces changements et leurs implications sur la croissance économique et la confiance des investisseurs et des partenaires internationaux.