Catégories: Actualité
|
27 septembre 2024 2 h 48 min

ONU : menace nucléaire sans précédent

Partager

Découvrez l’ensemble de nos écrits, études et enquêtes sur le conflit ukrainien. Explorez les récits, les examens approfondis et les interprétations de « Le Monde ». Découvrez le renouveau de la dissuasion nucléaire. Des préoccupations se font sentir en Ukraine concernant le risque de vastes pannes de courant cet hiver. La neutralité suisse face au conflit ukrainien expose certaines ambiguïtés. La position de la France sur les attaques profondes contre la Russie prête à confusion. Nous fournissons des réponses à vos interrogations les plus courantes. Cliquez sur une ligne pour obtenir plus de détails.

Réfléchissons à comment Moscou et Kiev déploient des drones. La compétition des drones entre la Russie et l’Ukraine a atteint un niveau sans précédent ces derniers mois. Selon une étude d’un think tank britannique spécialisé en défense publiée en mai 2023, les Ukrainiens perdent environ 10 000 drones chaque mois sur le champ de bataille, soit plus de 300 par jour. Pour mettre en perspective, l’armée française compte un peu plus de 3000 appareils sans pilote.

Les Ukrainiens et les Russes se servent principalement de petits Véhicules Aériens Télécommandés (UAV) à usage civil, abordables et abondamment disponibles. Ils servent à surveiller le champ de bataille, à diriger les troupes ou les tirs d’artillerie. Certains d’entre eux sont également modifiés pour transporter de petites charges explosives, qui sont ensuite lâchées sur des tranchées ou des véhicules blindés.

Les drones-kamikazes, bien que moins nombreux, jouent un rôle crucial. Ces véhicules aériens sans pilote (UAV), dotés d’explosifs, sont déployés au-dessus de la ligne de front sans mission spécifique pré-attribuée. Les Russes utilisent des drones locaux tels que le Lancet-3, ainsi que les Shahed-136 fabriqués en Iran. Sans une flotte navale adéquate, l’Ukraine énerve son adversaire en employant des navires sans pilote, petits kayaks télécommandés remplis d’explosifs (450 kilos de TNT).

En raison de l’importance vitale des drones dans leurs opérations, les Ukrainiens et les Russes ont mis en place des mesures pour fournir leurs forces en continu, notamment en achetant massivement des drones civils et en développant leurs capacités de production internes. À ses débuts pendant la guerre du Donbass il y a dix ans, l’industrie ukrainienne était rudimentaire. Cependant, il a été révélé fin août par le ministre de la transformation numérique de l’Ukraine qu’un duplicata du drone russe Lancet a été conçu, prêt à être déployé sous le nom de Peroun, le dieu slave de la foudre et du tonnerre.

La Russie, par contre, a des difficultés à cause des sanctions occidentales limitant son accès aux composants électroniques. Néanmoins, selon les renseignements américains, Moscou aurait commencé à établir une usine dans la zone économique spéciale d’Alabouga pour fabriquer des drones-kamikazes locaux basés sur le modèle iranien Shahed-136.

Quant aux réserves de missiles de l’armée russe, leur statut actuel est difficile d’accès, voire impossible à déterminer. Les services de renseignement ukrainiens font des déclarations régulières à ce sujet, mais leur fiabilité est sujette à débat.

D’après les informations fournies par Andri Ioussov, représentant du service d’intelligence du ministère de la défense (GUR) et rapportées par Liga.net, on estime que l’armée russe possédait dans son arsenal environ 2 300 missiles balistiques ou de croisière avant le conflit et avait encore en sa possession plus de 900 au début de l’année courante. De plus, a déclaré le porte-parole, le total comprend une dizaine de milliers de missiles anti-aériens S-300, avec une portée approximative de 120 kilomètres, ainsi qu’un nombre considérable de S-400, version plus récente avec une portée triplée. En août, Vadym Skibitsky, adjoint du GUR, a suggéré que le nombre de missiles avec une portée supérieure à 500 kilomètres s’élevait à 585.

En ce qui concerne la production, elle aurait augmenté à environ une centaine de missiles balistiques ou de croisière par mois, comme l’indiquent plusieurs experts. En octobre, le GUR estimait cette production à 115 unités.

En outre, il semblerait que la Russie ait obtenu des missiles à courte portée de l’Iran et de la Corée du Nord et continuerait d’en obtenir. D’après Reuters, citant plusieurs sources iraniennes, depuis janvier, 400 missiles iraniens de type Fateh-110 (300 à 700 kilomètres) auraient été livrés à la Russie suite à un accord. On ne sait pas combien de missiles nord-coréens la Russie a achetés, mais 24 ont été lancés en Ukraine entre le 30 décembre 2023 et le 7 février 2024, selon le procureur général, Andriy Kostin. Les experts qui ont examiné les débris et les trajectoires suggèrent qu’il s’agit vraisemblablement des modèles KN-23 et KN-24 avec une portée d’environ 400 kilomètres.

Et les avions de combat F-16, où en sommes-nous ?

À l’aube d’août, l’Ukraine a accueilli ses premiers chasseurs F-16, des aéronefs militaires de conception américaine, sollicités par Kiev depuis le commencement du conflit. Pour le commandant des armées, Oleksandr Syrsky, « l’exploitation adéquate de ces avions modernes permettra de préserver les vies des soldats ukrainiens ». Le président du Parlement, Ruslan Stefanchuk, a également célébré l’arrivée de « l’avion de guerre tant attendu capable de renforcer significativement nos forces ».

Néanmoins, le 30 août, le haut commandement ukrainien a indiqué qu’un de ces avions s’était abîmé, et son pilote tué, en repoussant une attaque à grande échelle de missiles russes sur l’ensemble du territoire ukrainien quelques jours plus tôt. Depuis le début de l’invasion russe en février 2022, Kiev sollicitait sans cesse la livraison de F-16 américains. En août 2023, le président américain, Joe Biden, avait approuvé l’implantation de ces appareils américains en Ukraine, même si les États-Unis ne fournissaient pas leurs propres avions.

D’ici 2028, 95 avions ont été promis à Kiev par ses alliés : trente de Belgique, vingt-quatre des Pays-Bas, vingt-deux de Norvège et dix-neuf du Danemark. La Suède s’est également engagée, fin mai, à envoyer un avion Awacs, crucial pour la collecte de renseignements et la coordination d’éventuelles opérations avec les F-16.

En outre, la formation des pilotes ukrainiens sur ces avions de guerre américains est nécessaire. Onze pays alliés de Kiev ont promis de prendre en charge la formation de ces pilotes. Cela pose la question : Quel soutien militaire les alliés de l’Ukraine lui fournissent-ils ?

Deux années après l’explosion du conflit à vaste envergure, le soutien de l’Occident à Kiev semble s’essouffler. Le dernier rapport de l’Institut Kiel, publié en février 2024, révèle une diminution des engagements de nouvelles aides entre août 2023 et janvier 2024 comparativement à la même période l’année précédente. De nouvelles réductions pourraient s’ensuivre puisque le Sénat américain éprouve des difficultés pour l’approbation de dons additionnels et que l’UE a dû surmonter des obstacles pour approuver une aide de 50 milliards d’euros le 1er février 2024, en raison de l’opposition de la Hongrie. Il est à noter que ces deux nouveaux programmes d’aide ne font pas encore partie des derniers calculs de l’Institut Kiel, qui sont à jour jusqu’en janvier 2024.

Le rapport de l’institut allemand révèle que le nombre de donateurs diminue et se rassemble autour d’un groupe de pays spécifiques qui promettent à la fois d’importantes aides financières et du matériel militaire avancé: les États-Unis, l’Allemagne et les pays du Nord et de l’Est de l’Europe. Au total, ces pays qui soutiennent Kiev se sont engagés à verser au moins 276 milliards d’euros en soutien militaire, financier ou humanitaire depuis février 2022.

En termes absolus, les nations les plus riches ont fait preuve de la plus grande générosité. Les États-Unis sont clairement en tête, avec plus de 75 milliards d’euros d’aide annoncée, dont 46,3 milliards dédiés à l’assistance militaire. Les pays de l’UE ont annoncé des aides bilatérales et collectives issues des fonds de l’UE, atteignant un total de 158,1 milliards d’euros.

Lorsqu’on analyse les contributions en fonction du produit intérieur brut (PIB) de chaque nation donatrice, on observe une réorganisation notable dans le classement. Les États-Unis, avec une contribution à hauteur de 0,32 % de leur PIB, reculent à la vingtième position – bien loin derrière certains pays frontaliers de l’Ukraine ou d’anciens territoires soviétiques alliés. L’Estonie se hisse en première place des donateurs en comparaison au PIB, avec une contribution de 3,55 %, suivie par le Danemark (2,41 %) et la Norvège (1,72 %). Les deux dernières positions du top 5 sont occupées par la Lituanie (1,54 %) et la Lettonie (1,15 %). En ce qui concerne les donations depuis le début du conflit, on remarque que les trois États baltes – qui partagent tous une frontière avec la Russie ou son alliée la Biélorussie – sont parmi les plus généreux.

Concernant le classement en termes de pourcentage du PIB, la France se place en vingt-septième position avec une contribution à hauteur de 0,07 % de son PIB, juste après la Grèce (0,09 %). On note aussi que l’aide apportée par la France a diminué continuellement depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. En effet, la France occupait la vingt-quatrième position en avril 2023 et la treizième position à l’été 2022.

Qu’en est-il de la situation tendue à la frontière entre l’Ukraine et la Pologne ?

Depuis un certain temps, les rapports entre la Pologne et l’Ukraine sont tendus, principalement en raison du transport de céréales en provenance d’Ukraine. Au printemps 2022, l’Union européenne a mis en place des « corridors de solidarité » afin de faciliter l’exportation et la vente sans droits de douane des produits agricoles ukrainiens vers l’Afrique et le Moyen-Orient. Cependant, la Fondation Farm rapporte qu’environ la moitié des céréales ukrainiennes passent ou terminent leur trajet dans l’Union européenne. Ces céréales sont vendues à des prix nettement inférieurs à ceux du blé cultivé au sein de l’Union européenne, qui déstabilisent le marché local et frappent les revenus des agriculteurs.

En 2023, cinq pays – la Pologne, la Bulgarie, la Hongrie, la Roumanie et la Slovaquie – ont donc décidé de bloquer unilatéralement leurs importations de ces céréales, une décision que la Commission européenne a conditionnellement acceptée. L’embargo devait durer quatre mois et ne pas bloquer la circulation vers d’autres pays. Cependant, considérant que le problème sous-jacent n’était toujours pas résolu, Varsovie a décidé de maintenir la frontière fermée à l’importation de céréales ukrainiennes après l’été, une décision en désaccord avec la position de Bruxelles qui estime que l’embargo n’a plus de justification puisqu’il n’y a plus de distorsion des marchés nationaux.

Depuis la frontière avec l’Ukraine, les exploitants agricoles de Pologne ont instauré un blocage pour contrecarrer l’accès des véhicules ukrainiens à leur pays. Ces manifestants exigent un « embargo total » sur les biens alimentaires et agricoles en provenance de l’Ukraine. Ils protestent contre l’augmentation fulgurante de leurs frais de production pendant que leurs silos et entrepôts sont pleins et que les coûts sont extrêmement bas. Au début de 2024, le chef de l’État ukrainien avait déclaré que le blocus de la frontière polonaise montrait une « dégradation de la solidarité » à l’égard de son pays, et avait demandé des négociations avec la Pologne. Selon lui, « seulement Moscou est content » de cette situation tendue. Il a également critiqué « l’émergence de messages clairement pro-Poutine ».