Pourrait-on considérer la Géorgie comme la véritable patrie du vin ? Selon Natia Jokhadze qui travaille pour Marussia Beverages, un groupe de vins et spiritueux basé à Tbilissi, la capitale du pays, les Géorgiens surnomment affectueusement leur pays ‘Sakartvelo’ – une dénomination faisant allusion à « la terre des récoltes de raisin ». Elle explique qu’il est très commun pour les Géorgiens de faire leur propre vin à partir d’une petite parcelle de vignoble dans leur jardin.
Le secteur viticole géorgien est principalement axé sur la production locale, tant au niveau familial que commercial. Les statistiques précises sur l’industrie du vin en Géorgie sont toutefois difficiles à obtenir, en raison de l’ambiguïté entre la production professionnelle et domestique. Comme le confirme Christophe Lavelle, chercheur au CNRS et auteur de « A la découverte des vins géorgiens » (Apogée, 2023), le vin dégusté par les Géorgiens est souvent le produit de leur propre labeur, ou celui d’un membre de la famille, un ami, ou même un voisin. Il est généralement consommé dans l’année de sa production.
Cependant, il est estimé que les vignes géorgiennes couvrent environ 55 000 hectares, produisant environ 1,9 million d’hectolitres de vin, plus de la moitié duquel est consommée localement.
Situé entre l’Europe et l’Asie, ce petit pays, peuplé d’environ quatre millions d’habitants, a une profonde histoire de viniculture ancrée dans sa culture. La ville de Tbilissi est particulièrement remarquable avec des vignes qui grimpent sur les façades de ses bâtiments. En dépit de la rivalité avec l’Arménie sur le premier pays à domestiquer la vigne il y a onze millénaires, le consensus est que la création du vin a commencé dans le Caucase. Cependant, la question de savoir qui a commencé est moins pertinente que comment la tradition a survécu et prospéré, et la Géorgie a la plus longue histoire dans ce domaine, avec huit millénaires de production de vin confirmée par des découvertes archéologiques récentes.
L’exceptionnelle richesse de son histoire a favorisé le développement de la diversité des cépages dans le pays, qui compte aujourd’hui plus de cinq cents variétés différentes. La Géorgie a également introduit une méthode unique de vinification qui remonte à l’antiquité, utilisant des kvevris ou qvevris, qui sont de grandes jarres en argile enterrées dans le sol. Le processus consiste à verser les raisins dans la jarre, puis à la sceller pendant plusieurs mois pour permettre la fermentation naturelle. Ce processus traditionnel se perpétue de génération en génération, et a récemment gagné une reconnaissance professionnelle due à l’intérêt mondial grandissant, en particulier en France et en Italie, pour les fameux vins oranges.
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