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27 septembre 2024 13 h 44 min

Haïti: 3 600 morts, ONU alerte

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Depuis le début de l’année, 3 661 individus ont perdu la vie suite aux brutalités des gangs en Haïti, selon une alerte de l’Organisation des Nations Unies (ONU) en date du vendredi 27 septembre. L’ONU pointe une insuffisance de ressources matérielles et humaines de la mission de police multinationale. Volker Türk, le haut-commissaire des droits de l’homme de l’ONU, plaide pour qu’il n’y ait « plus de vies sacrifiées à cause de ces actes criminels déraisonnés » dans une déclaration accompagnant la sortie d’un rapport.

Ce rapport, qui se focalise sur la période de janvier à juin, révèle qu’au minimum 860 personnes ont été assassinées et 393 autres ont subi des blessures lors d’opérations de police ou de patrouilles à Port-au-Prince. Selon l’ONU, la lutte contre l’insécurité en Haïti se doit d’être « la priorité suprême ».

Elle appelle les autorités haïtiennes et la communauté internationale à s’investir plus pour prévenir d’autres traumatismes. Les crimes perpétrés par des gangs ont longtemps hanté Haïti, mais ces derniers mois, ils ont augmenté, exacerbant la crise humanitaire.

En octobre 2023, le Conseil de sécurité de l’ONU avait donné son accord pour l’envoi d’une mission multinationale de maintien de la paix (MMAS) dirigée par le Kenya pour appuyer la police haïtienne. Volker Türk a salué « les efforts récents, comme la création d’un conseil de transition présidentiel, un nouveau gouvernement de transition et l’établissement des premiers contingents de la MMAS ».

Toutefois, il souligne que « la mission nécessite manifestement des équipements et du personnel adéquats et suffisants pour combattre efficacement et durablement les gangs armés et empêcher qu’ils ne se propagent et n’infligent plus de destruction dans la vie des gens ».

William Ruto, le chef d’État kényan, a confirmé jeudi lors de son discours à l’ONU à New York, que le Kenya compléterait l’envoi de troupes supplémentaires pour la MMAS, atteignant 2 500 policiers d’ici janvier 2025. Le Kenya a commencé l’envoi de ses premiers contingents cet été, avec actuellement environ 400 officiers en service, plus une vingtaine de personnel de la Jamaïque et du Belize. Le défaut d’équipement, de logistique et de financement restreint le déploiement du Kenya et d’autres pays des Caraïbes et d’Afrique, a déploré le président Ruto.

Un rapport de l’ONU met en évidence de graves infractions répétées des droits de l’homme dans la capitale, Port-au-Prince, le département de l’Artibonite, et la partie sud du département de l’Ouest, qui avait jusqu’à peu été relativement préservée de la violence.

L’augmentation des victimes de violences sexuelles, y compris le viol, au cours de la première moitié de l’année est aussi remarquable, avec des cas spécifiques de viols en groupe d’enfants de moins de 5 ans. Le rapport révèle que les gangs ont persisté à utiliser la violence sexuelle comme moyen de punition, d’intimidation et de soumission des communautés, en recrutant également un grand nombre d’enfants.

L’escalade de la violence et de l’extorsion des gangs pousse également les agriculteurs à se déplacer loin de leurs terres, au moment où l’ONU estime que 1,6 million d’habitants du pays sont en proie à une grave insécurité alimentaire.