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Bénin : coup d’État déjoué

La mise en détention de trois personnalités majeures du gouvernement béninois cette semaine pour des allégations de trame de « coup d’état » a focalisé l’attention publique sur la question de ceux qui succéderont au Président Patrice Talon à l’expiration de son deuxième mandat en 2026.

Le mercredi 25 septembre, la Cour béninoise de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet) a confirmé l’arrestation du commandant de la garde républicaine, Djimon Dieudonné Tévoédjrè, de l’ex-ministre Oswald Homéky et de l’homme d’affaires Olivier Boko dans la nuit de lundi à mardi.

Ces trois individus sont, d’après la justice, suspectés de conspiration pour commettre un « coup d’Etat » dans ce pays de l’Afrique de l’Ouest de 13 millions d’habitants. L’Agence France-Presse (AFP) a indiqué que le commandant de la garde républicaine aurait depuis été libéré.

Le procureur de la Criet soutient que MM. Boko et Homéky ont ouvert un compte bancaire « au nom du commandant de la garde républicaine dans les registres de la banque NSIA de Côte d’Ivoire » dans le but de « forcer la réalisation d’un coup d’Etat le 27 septembre 2024 ». Toutefois, la banque maintient ne détenir « aucun compte sous le nom ou au bénéfice du commandant de la garde républicaine du Bénin ».

Agé de 60 ans, Olivier Boko, propriétaire du groupe Alimentation et Fourniture de Denrées (ADF), est un compatriote de Patrice Talon depuis à peu près deux décennies. Bien qu’on le décrit souvent comme le « bras droit » du président, il ne détient aucune position officielle dans l’administration présidentielle.

Au cours des derniers mois, il semblerait que certaines ambitions politiques personnelles ont commencé à voir le jour, suggérant une possible candidature à la haute fonction en 2026 – une idée qui ne plairait pas à Patrice Talon. Cet individu bénéficie du soutien de l’ancien ministre des Sports, Oswald Homéky.

Patrice Talon, en fonction depuis 2016, arrivera à l’expiration de son deuxième mandat en 2026, comme le prévoit la constitution. « Nous venons d’entamer une nouvelle étape vers les élections générales de 2026 », a déclaré l’analyste politique Tiburce Adagbè à l’AFP.

« Si le processus judiciaire doit respecter les délais habituels, l’un des prétendants, celui considéré comme un sérieux concurrent pour succéder à Patrice Talon, pourrait se retrouver « en difficulté »», a-t-il prévenu, faisant allusion à Olivier Boko. « Nous vivons dans un contexte instable où la géopolitique régionale nous interpelle», souligne l’expert en gouvernance Euloge Francis Atadé.

Plusieurs accusations ont été portées contre Patrice Talon pour avoir pris une direction autoritaire. Ces dernières années, plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest ont fait face à des coups d’état militaires, renversant ainsi le pouvoir démocratiquement élu au Burkina Faso, Mali et Niger. Cependant, Gilles Gohy, membre du parti politique Union progressiste le renouveau et allié du président Talon, ne voit pas de raison à l’inquiétude et invite à faire confiance à la justice. « Laissons-la faire son travail (…). Restons calmes », conclut-il.

Valentin Djenontin, un adversaire politique en exil, annonce qu’il ne sera pas étonné si des marches sont organisées en soutien à Talon, si Olivier Boko est soudainement confronté à un mandat d’arrestation lancé par le procureur. Selon Djenontin, Talon restera l’unique capitaine du navire. Face à cette perspective, le FCBE, un parti d’opposition, a fermement condamné l’essai de coup d’État et réitéré son rejet de toute accession illégitime au pouvoir, exigeant la voie démocratique des élections. Le Bloc Republicain, un des partis avec des relations au gouvernement, a exprimé son inquiétude face à la gravité des événements rapportés, condamnant toute tentative de désordre et acte qui menace l’organisation démocratique établie.
Suite à l’appréhension de M. Boko, son camp de soutien à la présidence pour 2026, qui se fait appeler « Objectif Bénin 2026 » ou OB26 (les initiales d’Olivier Boko), a déclaré mardi que c’était une violation sérieuse des droits fondamentaux, une attaque politique évidente et des procédés de répression inadmissibles. Entretemps, les critiques accusent régulièrement le président Talon de prendre une tournure despotique dans un pays anciennement reconnu pour la vitalité de sa démocracie.

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