Au sujet du département qu’il supervise, Stéphane Troussel, membre du parti socialiste, a souvent affirmé que tout en Seine-Saint-Denis est en constante évolution, à l’exception du système éducatif. Bien que cette région, la plus jeune et la plus pauvre de France, continue de subir des transformations significatives, elle demeure marquée par une grande ségrégation sociale et éducative. Selon Troussel, qui préside le conseil départemental depuis 2012, la Seine-Saint-Denis connaît présentement de rapides et massives transformations sur le plan social, urbain et économique. Il soutient que ce département est à un point de basculement et que l’école doit suivre cette évolution.
La solution à ce problème est encapsulée dans un seul mot: la diversité. Pour l’encourager, le département et le rectorat de Créteil, dont dépend la Seine-Saint-Denis, ont révélé le 2 septembre qu’ils mettaient en œuvre un plan commun pour augmenter l’attrait des collèges publics du « 93 ». Ce plan sera appuyé par la mise en place d’un « observatoire de la diversité scolaire et de l’attractivité », inauguré le vendredi 27 septembre.
Le plan vise à réviser onze collèges d’ici la rentrée 2024, quatorze supplémentaires en 2025, et encore quinze en 2026, soit environ quarante établissements au total, soit environ un tiers de tous les collèges du département. Ces établissements recevront des financements spécifiques du rectorat pour enrichir leur « offre de formation », avec des « sections attractives » tels que les cours aménagés pour concilier l’école et l’art, les sections internationales ou encore les sections sportives. De plus, un système de « 8 heures-18 heures » sera implanté, offrant aux élèves une variété d’activités sportives, d’ateliers et de soutien scolaire, en collaboration avec les associations locales.
Le département s’engage à favoriser les collèges inclus dans le plan en termes d’investissement matériel ou de financement de projets, sans spécifier le montant alloué à cet effet. Il souligne cependant que cela n’affecte pas les « priorités globales du département ». Le plan actuel a été conçu il y a un peu plus d’un an en réponse à un problème croissant de désaffection des collèges publics, ce qui nuit à l’inclusion sociale et éducative, comme l’explique la rectrice Julie Benetti, de la deuxième plus grande académie du pays.
Dans certains établissements de Seine-Saint-Denis, jusqu’à 35% des élèves des écoles primaires publiques ne s’inscrivent pas à leur collège local. Certains accèdent à un autre collège public grâce à des dérogations, tandis que d’autres évitent les consignes en s’inscrivant dans un établissement privé contractuel plus favorisé. Les collèges publics de Seine-Saint-Denis ont un indice de position sociale (IPS) – un outil utilisé par le ministère de l’éducation nationale pour déterminer le profil social des élèves et des établissements – bien inférieur à la moyenne nationale (87,9 contre 100) et nettement inférieur à l’IPS moyen des collèges privés du département, qui est lui-même en ligne avec la moyenne nationale pour ce secteur (118 contre 117).