Suite à la victoire emblématique du Labour en 1997, Tony Blair a disposé d’une période d’acceptation d’au moins deux ans. En dépit de ses pitreries, ce n’est qu’au bout d’au moins dix-huit mois de résidence à Downing Street que la popularité Boris Johnson, le conservateur, a commencé à s’effondrer, corrélativement aux révélations du « Partigate » dans la presse britannique.
Actuellement, le contexte a drastiquement changé, en raison de quatorze ans de restrictions budgétaires, d’une économie presque stagnante et d’un Brexit amer ; pour le premier ministre travailliste Keir Starmer, la lune de miel n’a persisté que quelques semaines.
Avant même que le leader du Labour ait commencé à mettre en œuvre un programme cohérent après la victoire indiscutable de son parti lors des élections générales du 4 juillet, sa cote de popularité est déjà au plus bas. Selon une recherche publiée le 22 septembre par l’organisation More in Common, 60 % des Britanniques sont convaincus que le Labour ne remportera pas les prochaines élections générales ; et 17 % de ceux qui ont voté pour le Labour avouent déjà leur regret.
Un sondage Opinium du 20 septembre montre que Keir Starmer est moins apprécié que son prédécesseur à Downing Street, Rishi Sunak, avec un taux d’approbation négatif de 26 % (24 % des personnes sondées le soutiennent, tandis que 50 % le désapprouvent).
Le 24 septembre, le premier ministre a cherché à regagner du terrain lors de son discours à la conférence annuelle de son parti à Liverpool, où il a reconnu qu’il est « difficile » de demander « plus d’efforts » aux Britanniques, mais a réaffirmé l’engagement de son gouvernement à « servir » le pays et ses « travailleurs », déclarant qu’il dispose d’un « plan à long terme » pour « reconstruire le pays ».
Sa rhétorique était plus modérée comparée à celle qu’il avait engendrée fin août, quand il avait déclaré que le budget initial de la gauche britannique à l’automne serait « agonisant » depuis Downing Street. Quasiment en même temps, sa ministre des Finances, Rachel Reeves, avait signalé que le gouvernement s’apprêtait à priver onze millions de retraités de leurs allocations énergétiques juste avant l’hiver, en raison d’une nécessité de combler un « inattendu » déficit budgétaire provoqué par les Tories.
Cette tactique de communication avait pour but de blâmer l’état de détresse du pays sur les conservateurs, à l’instar de comment David Cameron avait justifié son budget austère en 2010 en invoquant les erreurs présumées du travailliste Gordon Brown au cours de la crise financière de 2008.
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