Selon le dernier rapport de l’Observatoire de la vie étudiante publié début septembre, les étudiants français ne se portent pas nécessairement mieux malgré la fin (ou presque) de la crise du Covid-19. Ce rapport, intitulé « La crise dans le rétroviseur ? », s’appuie sur une partie des résultats de l’enquête « Conditions de vie des étudiants » réalisée en 2023 auprès de 260 000 jeunes.
Le rapport souligne que la pandémie a mis en évidence les conditions de vie perturbées des étudiants durant de nombreux mois, sans toutefois provoquer de changements à long terme. Fanny Bugeja-Bloch, sociologue et présidente du collège scientifique de l’Observatoire, explique ainsi que la précarité économique des étudiants est revenue à des niveaux quasi identiques à ceux d’avant la crise, avec 26% d’entre eux affirmant éprouver des difficultés économiques majeures ou très majeures, contre 23% en 2016.
La chercheuse note que cette situation de précarité est structurelle et que les étudiants les plus vulnérables sont généralement les mêmes : les étudiants étrangers, les étudiants boursiers et ceux qui travaillent en même temps que leurs études. Selon les auteurs de l’étude, « la bourse ou les revenus d’activité sont généralement insuffisants pour couvrir [tous] les besoins ». Ils soulignent également que les conditions de logement des étudiants se sont détériorées.
Il est à souligner qu’après avoir subi une dégringolade significative durant la pandémie, la proportion d’étudiants occupés dans un emploi est maintenant supérieure à celle d’avant la Covid-19 – 44 % en 2023 contre 40% en amont. L’enquête révèle également que l’incertitude économique touche davantage les étudiants ne résidant pas chez leurs parents, alors que la cohabitation parentale, perçue comme un rempart contre la précarité et qui a connu une augmentation pendant la crise, ne touche désormais que le tiers des étudiants (telle qu’elle l’était en 2016).
L’étude rappelle par ailleurs que face à la pénurie de logements étudiants (seulement 7% d’entre eux logent dans les résidences du Crous), l’appel aux logements privés est largement répandu. Les problèmes majeurs rencontrés par les étudiants usant de ce recours incluent le « coût du logement », le « manque d’espace » ainsi que des « problèmes d’insalubrité », des conditions de vie qui pourraient affecter leur réussite scolaire.
De plus, Selon Fanny Buguja-Bloch, « Les effets de la crise sur la santé des étudiants sont quant à eux toujours visibles ». En effet, alors que 30 % des étudiants présentaient des symptômes de détresse psychologique avant la crise, ce chiffre a augmenté à 43 % en 2021 suite aux multiples confinements et fermetures d’établissements. En 2023, ils sont toujours 36 % dans cette situation. Cette fragilité touche une fois encore les étudiants les plus défavorisés, ceux de nationalité étrangère, mais concerne également les femmes plus que les hommes.