En 2017, la Guyane a été le théâtre d’une grande manifestation, la plus importante de son histoire, le 28 mars. Ce jour-là, les délégués des six tribus autochtones, descendants des premiers occupants de l’Amazonie, se sont rassemblés à Cayenne sur le Mont Cépérou, qui tire son nom d’un chef amérindien célèbre pour sa résistance aux colons français. Ils ont par la suite rejoint les 20 000 manifestants dans les rues, exigeant plus de sécurité et de services publics. La demande majeure des peuples autochtones est la « restitution de 400 000 hectares de terres de l’Etat ».
Quelques jours après, une délégation s’est rendue à la préfecture pour une rencontre avec Ericka Bareigts, alors ministre des Outre-Mer, et ses conseillers. Jean-Philippe Chambrier, président à l’époque de la Fédération des organisations autochtones de Guyane et de l’ethnie Amérindienne lokono-arawak, se souvient que le gouvernement leur avait répondu sans détour : « D’accord pour les 400 000 hectares ».
Dans l’accord de Guyane signé le 21 avril 2017 entre les intervenants locaux et l’Etat, un engagement a été pris par Paris pour allouer « 400 000 hectares aux peuples autochtones par le biais de l’établissement public auprès du Grand Conseil coutumier des populations amérindiennes et bushinenge ». Cependant, sept ans plus tard, l’engagement concernant les terres autochtones n’a pas progressé, même si la majorité des autres engagements sont soit tenus, soit en passe de l’être.
Sur le territoire sud-américain de 83 000 kilomètres carrés de la Guyane, six tribus amérindiennes subsistent : Kali’na, Lokono-Arawak et Palikur près de la côte, et Wayana, Teko et Wayampi dans l’intérieur des forêts. Remontant au 17ème siècle, l’arrivée des Européens a commencé une période de déclin pour les autochtones, en raison des épidémies provoquées par le « choc microbien » et des conflits fréquents. Aujourd’hui, le nombre d’Amérindiens est estimé entre 13 000 et 14 000 par l’anthropologue Damien Davy, ce qui représente environ 4% de la population totale de 300 000 habitants, bien en dessous de leur nombre il y a cinq cents ans.
Selon la doctrine de la Terra nullius, instaurée quand la France prit le contrôle de cette portion de l’Amazonie et rappelée dans le décret du 15 novembre 1898, la majorité des terres de Guyane appartient à l’État – actuellement à 94%. Une reconnaissance partielle des droits fonciers des Amérindiens a commencé à se déployer dans les années 1980 grâce à l’intervention d’anthropologues et de militants autochtones, alors que l’État français, prônant l’égalité devant la loi, refuse de reconnaître les peuples autochtones tels que définis par l’Organisation des Nations unies.
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