Ces derniers temps, la social-démocratie a refait surface dans le domaine politique, bien que son sens ait connu une modification notable depuis sa naissance dans la deuxième moitié du XIXe siècle. A l’origine motivée par l’indignation envers l’ordre social, la social-démocratie est devenue, dans le dernier tiers du XXe siècle, un des acteurs de la gestion de la mondialisation capitaliste.
Alors que de nombreux partis socialistes affirmaient leur aptitude à respecter les limites budgétaires de l’Etat et à maintenir le pouvoir durablement, l’identification avec la social-démocratie a plus souvent relevé d’une démarche stratégique que doctrinale. De cette façon, aujourd’hui, elle se résume fréquemment à évoquer une « gauche gouvernementale » opposée à une gauche « rupturiste », perçue comme sectaire et menaçante – quitte à ignorer ses propres penchants néolibéraux.
Néanmoins, cette résurgence de la social-démocratie met en lumière une lacune notable : bien que les partis sociaux-démocrates se soient historiquement présentés comme le fruit du mouvement ouvrier et que les syndicats et mouvements sociaux ont régulièrement été considérés comme des alliés de facto, la question des relations entre la gauche et la société, ainsi que des structures organisationnelles adéquates pour les faciliter, est rarement soulevée.
Les partis sont trop souvent repliés sur eux-mêmes.
La rentrée politique en France a été marquée par des débats animés notamment sur la dichotomie entre « France des bourgs » et « France des tours », la discussion avec le nouveau gouvernement, la censure et la possibilité d’une destitution d’Emmanuel Macron. Toutefois, l’hétérogénéité de la gauche sur la manière de s’organiser reste un sujet peu abordé. Bien que l’importance de la création d’idées soit régulièrement mise en avant dans les discours politiques, la faculté des partis à valoriser ces idées, à les soutenir ou à les diffuser est rarement questionnée. Habituellement, on suppose que les partis sont chargés de faire comprendre aux différentes sensibilités sociales leurs intérêts partagés. Cependant, l’aspect crucial de la communication avec ces groupes semble relégué au second plan.
Par ailleurs, les questions politiques sont souvent jugées plus significatives que les solutions apportées. La science politique tend à donner une image peu flatteuse des partis politiques, un constat dont la gauche n’est pas épargnée. Ces partis suscitent une grande méfiance au sein de l’opinion publique, et on les dépeint souvent comme des cercles fermés et professionnalisés, regroupant les élus, leurs collaborateurs et ceux qui aspirent à être élus, tous gouvernés par leurs propres codes et normes. Pour lire la suite de cet article, vous devez être abonné.