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25 septembre 2024 23 h 53 min

Bourgs et tours, mêmes problèmes

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La politique tend à être fascinée par les conflits extrêmes car ils forment la base du paysage politique, alimentent des débats passionnants et offrent des échappatoires quand les idées manquent. Un des conflits les plus marqués lors des dernières années est celui qui oppose les banlieues, souvent associées aux immigrants, à la France rurale, caractérisée par sa population majoritairement « blanche ». Le mouvement des « gilets jaunes » ainsi que le travail du géographe Christophe Guilluy ont renforcé cette dualité, et le succès du Rassemblement national a encore plus consolidé cette théorie. À gauche, François Ruffin critique Jean-Luc Mélenchon pour avoir délaissé la « France rurale ». À droite, les leaders du parti Les Républicains ont depuis longtemps embrassé cette dichotomie, dénonçant les « milliards de la banlieue ».

On se rappelle notamment du rapport de Terra Nova, publié en 2011, intitulé « Gauche : quelle majorité électorale pour 2012 ? ». Ce document a souvent été utilisé pour illustrer la stratégie électorale de Mélenchon. Lors de sa sortie, on en avait déduit que les intellectuels social-démocrates renonçaient à l’électorat ouvrier pour préconiser une coalition des femmes, des jeunes et des minorités, suivant l’exemple du Parti démocrate américain des années 1990. Est-ce que cette stratégie représentait la réalité ? Lionel Jospin avait obtenu 11% des voix ouvrières en 2002. Ou est-ce un simple changement de point de vue ? Après tout, la moitié des ouvriers et des employés sont des femmes, un grand nombre d’entre eux sont jeunes et la majorité des minorités appartiennent à la classe ouvrière.

Dans la note de Terra Nova, l’approche pour examiner le segment des « travailleurs » s’est déplacée d’une analyse en fonction des catégories socioprofessionnelles à un examen fondé sur les traits personnels. On considère que les aspects tels que l’âge, le genre et/ou l’ascendance immigrée, peuvent fournir une description plus exacte du statut marginal ou même subalterne de ces individus. Cette approche rompt avec l’analyse marxiste, qui tend à réduire les individus à leur position socio-économique, et non aux électeurs de gauche.

La fausse interprétation de la note de Terra Nova est importante car elle révèle le même type de distorsion rencontré lors de la construction de l’opposition « villages contre gratte-ciel ». Si nous passons des discours aux faits, la réalité se présente différemment. Il n’y a pas d’opposition directe entre les banlieues et les sous-préfectures, ni entre les Blancs et les personnes de couleur. Les catégories les plus vulnérables sont confrontées aux mêmes défis : pouvoir d’achat insuffisant en période d’inflation, taux de chômage élevé lors d’une examen par stratification sociale, et une plus grande vulnérabilité aux impacts du changement climatique, qui ne feront que s’accentuer.

La désindustrialisation, chère à François Ruffin, a touché non seulement les petites villes, mais aussi les bassins miniers et industriels de l’Est et du Nord, ainsi que les banlieues des grandes métropoles. La population ouvrière a considérablement diminué, et parmi ces travailleurs se trouvaient autant des Français d’origine ancienne que des immigrés récents.

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