Le nombre impressionnant a renforces le point de vue du monde immobilier autour de la nécessité d’augmenter les projets de construction. Lors du congrès HLM d’octobre 2023, le cabinet de conseil HTC, sous l’égide de l’Union Sociale pour l’Habitat (USH), a fait part de ses calculs, indiquant que la France pourrait avoir besoin de 518 000 nouveaux logements chaque année de 2024 à 2040.
Cependant, quelques semaines plus tôt, en juillet, une estimation bien différente a été publiée dans la revue en ligne Politique du Logement. Selon cette estimation, réalisée par l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie (Ademe), seulement 110 000 logements seraient nécessaires chaque année, selon le scénario le plus conservateur.
Alors, qui a raison ? A-t-on besoin en France de construire environ 100 000 logements par an ou plutôt cinq fois plus pour répondre aux besoins de la population ? Cette évaluation est cruciale pour la politique du logement et la dynamique de construction, étant donné que le nombre de chantiers ouverts en 2023 a été évalué à 287 000 logements.
Pour essayer de clarifier les choses, alors que le congrès HLM 2024 commence le mardi 24 septembre, l’USH publie un rapport intitulé « Soixante-dix ans de chiffrages des besoins en logements. Trajectoire d’un indicateur controversé de la politique du logement en France ». Ce rapport a été commandé à Alexandre Coulondre, chercheur à l’université Gustave-Eiffel, et à la sociologue Claire Juillard.
Le document souligne la nécessité croissante de logements qui a émergé « avec la reconstruction et le baby-boom après la seconde guerre mondiale ». Après une baisse autour des années 1970-1980, cette question regagne progressivement de l’importance face à l’insuffisance de logements de qualité et la diminution des financements publics alloués. La gestion de l’urbanisation des terrains joue également un rôle, le tout dans une situation de ralentissement démographique.
C’est au cours des années 1950, alors que la guerre a entraîné une pénurie de logements, qu’un indicateur de politique publique a été créé et adopté par le ministère en charge du logement pour gérer une économie à l’époque planifiée. Avec le temps et au fil des programmes, les estimations des besoins en logements sont devenus de plus en plus élevées : 240 000 unités par an en 1954 et allant jusqu’à un sommet de 510 000 au début des années 1970.
Guerre des statistiques
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