Amadou Mahtar Mbow, né en 1921, était une éminente figure intellectuelle en Afrique de l’Ouest en raison de son vaste savoir et de son long parcours à travers un siècle. Son décès a eu lieu à Dakar le 24 septembre, la ville où il a vu le jour il y a 103 ans. Parmi ses nombreuses réalisations notables, Mbow a été le premier Africain à devenir directeur général de l’UNESCO.
Mbow a passé son enfance à Louga, au nord-ouest du Sénégal. Vers la fin des années 1920, lorsque la région a été frappée par une famine, il a été témoin de la mort de nombreuses personnes – une expérience qui l’a profondément marqué. Il avait 18 ans lorsque la Seconde Guerre mondiale a éclaté.
Il a choisi de servir comme volontaire dans l’armée de l’air et a rejoint l’Ecole des radiotélégraphistes à Saint-Malo. Malgré le siège de la ville, il parvenait régulièrement à traverser la ligne de démarcation. Après avoir été démobilisé en 1940, il est retourné au Sénégal pour travailler au service économique de la circonscription de Dakar. Il a été rappelé pour servir dans l’armée en 1943, lors de l’escalade de la guerre sur la scène mondiale, puis affecté à la base aérienne de Thiès, près de Dakar. Il a réussi à entrer à l’Ecole supérieure de tir aérien d’Agadir, ce qui lui a permis de servir au Maroc et en France jusqu’en octobre 1945.
La libération de la France a été possible notamment grâce à l’intervention de ses tirailleurs, goumiers et spahis lors de l’atterrissage en Provence, une bataille à laquelle Amadou Mahtar Mbow a également participé. Après la guerre, Mbow a choisi de rester à Paris, où l’effervescence du désir d’indépendance parmi les étudiants africains était palpable. Mbow déclarait face à l’injonction de retourner au Sénégal pour être démobilisé : « Pour combattre, je suis considéré français, mais pour étudier non. Quelle absurdité! » Suite à cela, il a réussi son baccalauréat et a rejoint l’Université de la Sorbonne pour des études en histoire et géographie.
Alors à Paris, en plein tumulte intellectuel du Quartier Latin, Mbow est devenu activiste étudiant, plaidant pour une indépendance immédiate des colonies. Il retourne ensuite au Sénégal pour poursuivre le combat, avec un intérêt particulier pour l’éducation, élément qu’il considère essentiel pour préparer les futurs leaders. Il consacre une grande partie de sa vie, quinze ans, à l’enseignement.
En parallèle de son engagement en éducation, Mbow a également embrassé la politique. Le 20 août 1960, avec l’indépendance du Sénégal, Léopold Sedar Senghor devient le président de la République. Mbow, d’abord dans l’opposition, est ensuite nommé ministre de l’éducation nationale (1966-1968), puis de la culture et de la jeunesse (1968-1970) et finalement député. Le reste de l’article est lisible uniquement pour les abonnés.
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