L’Allemagne orientale de Brandebourg, un fief social-démocrate constant depuis la réunification de l’Allemagne en 1990, semble prête à maintenir cette position pour cinq ans de plus. Dimanche 21 septembre, lors des élections régionales, ce Land qui entoure Berlin et qui a la particularité de n’avoir jamais changé d’allégeance politique en trois décennies, a été l’objet de convoitises d’un parti d’extrême droite en progression, qui a réalisé des performances remarquables lors des deux derniers votes régionaux, le 1er septembre, dans les régions de Thuringe et de Saxe.
Le parti social-démocrate SPD, représenté par Dietmar Woidke, un modeste leader du Brandebourg depuis une décennie, a réussi à conserver son emprise de justesse lors de ces élections, enregistrant 30,9 % des suffrages, selon un comptage presque définitif. Il a devancé de peu le parti d’extrême droite Alternative für Deutschland (AfD), qui a obtenu 29,3 % des votes, malgré une anticipation de victoire depuis quelques semaines dans les sondages.
En troisième place, obtenu 13,5% des votes, est le parti nouvellement formé par Sahra Wagenknecht (BSW), une déviante du parti de gauche Die Linke. Ce parti a surpassé les chrétiens-démocrates de la CDU, qui ont subi un revers spectaculaire en obtenant seulement 12,1 % des voix. Tout en faisant partie de la coalition actuelle du Brandebourg avec le SPD et les Verts depuis 2019, ce parti espère toujours exercer sa gouvernance afin de maintenir son influence au Bundesrat, la chambre représentant les régions à l’échelle nationale. Les Verts, quant à eux, ont vu leur score divisé par deux, descendant en dessous de la barre des 5 %.
Cette victoire est donc considérablement relative.
L’issue des élections a apporté un certain répit pour la coalition qui gouverne à Berlin depuis 2021, après être fragilisée par ses divers conflits internes et par l’ascension de l’extrême droite dans l’est du pays. Cette relative victoire des sociaux-démocrates a allégé la tension politique qui pesait sur le chancelier Olaf Scholz, membre du SPD. Une avancée de l’AfD dans le Brandebourg, une région traditionnellement tournée vers la gauche, aurait été perçue comme un signe de défiance envers le chancelier, par ailleurs élu à Potsdam, la capitale régionale. Scholz a suivi les résultats des élections depuis New York, où il était présent pour l’Assemblée générale des Nations Unies qui s’ouvre ce lundi.
Cependant, le succès des sociaux-démocrates lors du scrutin de dimanche ne peut pas vraiment être attribué au parti au pouvoir. Avec une devise claire – « C’est une question de Brandebourg » – Dietmar Woidke, le candidat local du SPD, a centré sa campagne sur la région ces dernières semaines, en se distanciant explicitement de la coalition sur des sujets tels que l’immigration ou la guerre en Ukraine, et en faisant tout son possible pour ne pas être associé au chancelier. Surnommé le « père » du Brandebourg, Woidke, un agronome de 62 ans aimé de la population bien au-delà de la base électorale du SPD, a carrément mis sa position en jeu. Il s’était engagé à renoncer au pouvoir si l’AfD remportait l’élection de dimanche, même si celle-ci aurait été incapable de gouverner faute de pouvoir former une alliance.
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