En 2021, à l’approche de ses cinquante ans, Stéphanie décide de tout chambouler dans sa vie. Elle abandonne sa longue carrière de fonctionnaire et son mariage de près de trois décennies. Entre un divorce et une rupture conventionnelle de travail, elle opère un grand virage dans son existence. Travaillant au salaire minimum comme gestionnaire des ressources humaines, la mère de deux enfants décide de quitter son emploi suite aux désaccords avec sa supérieure. Elle aspire à exercer une profession artistique, parmi lesquelles tatoueuse et fleuriste la font rêver. Elle cherche un travail qui l’inspire et lui donne l’envie de se réveiller chaque matin. Quinquagénaire à l’esprit curieux, elle se lance dans l’apprentissage de la fleuristerie, mais est vite confrontée à une réalité cruelle : mauvais traitement par les patrons, tâches monotones et précarité financière sont son quotidien. Elle essuie plusieurs refus et constate que seuls les postes dans des grandes chaînes à roulement rapide sont disponibles. Lorsqu’elle parvient à décrocher un contrat, les tâches se limitent à la livraison, la manutention et le nettoyage. Un exemple frappant de cette réalité fut lorsqu’un employeur lui a suggéré de recevoir les colis des clients pendant sa pause déjeuner, une proposition qu’elle réplique avec indignation, argumentant qu’elle n’est pas factrice. Son rêve de toucher des fleurs et de réaliser des bouquets s’est transformé en une série de déceptions. Aujourd’hui, elle tente de retrouver son ancien emploi, mais cela est difficile car son CV présente des lacunes. Vivant avec une allocation de solidarité spécifique de 580 euros par mois, Stéphanie fait preuve de résilience face à cette situation, traitant cela comme une expérience d’apprentissage, malgré ses regrets.
Il est dur d’accepter l’échec lorsque nous sommes submergés par des histoires positives de transformation de la vie. Avec un sourire radieux, les traders et les assureurs racontent aux médias comment ils ont échangé leur costume contre une blouse ou un tablier. « Depuis les années 1990, il était courant d’entendre parler de cadres qui quittaient tout pour ouvrir des maisons d’hôtes. Chaque période possède ses propres clichés et à présent, une touche écologique est ajoutée », fait remarquer Jean-Laurent Cassely, journaliste et auteur qui écrit sur les styles de vie. Bien que ce phénomène ne soit pas récent, il ne se limite plus, selon lui, uniquement aux cols blancs : « Il est désormais considéré comme brave de poursuivre sa passion. Et ce mandat de bonheur dans le travail, qui existe depuis longtemps chez les privilégiés, se propage dans l’ensemble de la société ».
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