La constitution des gouvernements a été un sujet couramment étudié dans le domaine de la science politique, conduisant à quatre conclusions principales qui peuvent être appliquées au cas unique du gouvernement Barnier.
La première conclusion indique que la formation des gouvernements est influencée par les restrictions institutionnelles. On observe une distinction entre les systèmes présidentiels, semi-présidentiels et parlementaires. Dans les systèmes présidentiels, on trouve plus souvent des ministres indépendants des partis politiques et des proches du président, alors que dans les systèmes parlementaires, le gouvernement est majoritairement constitué de personnalités affiliées à un parti politique. Les systèmes semi-présidentiels, à l’image de la Vème République, se situent entre ces deux modèles. Une autre conclusion révèle que le nombre de nominations non partisanes et celles de proches du président augmentent avec l’influence institutionnelle de ce dernier.
En analysant le gouvernement Barnier sous cet angle, on observe une tendance vers la parlementarisation. En effet, ce gouvernement est majoritairement constitué de membres affiliés à un parti politique, à l’exception du premier et du dernier nommé par ordre protocolaire. Ceci inclus Didier Migaud, ex-président de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique, en tant que garde des sceaux, et Clara Chappaz, ancienne chef de la Mission French Tech, comme secrétaire d’Etat chargée de l’intelligence artificielle et du numérique. Cependant, alors que l’influence du président dans la formation du gouvernement semble avoir diminué, elle demeure présente. Le nouveau gouvernement accueille un petit groupe qui le soutient depuis 2017. Ce groupe occupe pour la plupart des postes clés dans des secteurs stratégiques tels que l’économie, le budget, l’industrie, le travail et l’emploi, l’éducation et la fonction publique.
Dans la perspective de mettre en place un gouvernement de coalition, la conduite des discussions est généralement effectuée par un parti qualifié de « formateur ». Pour remplir cette position, ce parti doit posséder la majorité des sièges parlementaires et acquérir le plus grand nombre de fonctions gouvernementales. Le parti Les Républicains (LR), dirigé par Michel Barnier, se présente comme candidat potentiel pour ce rôle de parti formateur, cependant, certaines conditions doivent être prise en compte.
La première de ces conditions est leur statut minoritaire à l’Assemblée nationale, puisque LR se trouve seulement en cinquième position et ne représente que 8% des membres du parlement. Néanmoins, malgré cette position minoritaire, LR a su tirer avantage de la situation, représentant un quart des membres du gouvernement actuel. De plus, ce chiffre atteint près de la moitié lorsque l’on y inclut les anciens membres du parti LR qui ont depuis rallié la cause de Macron ou rejoint Horizons. Ainsi, en tant que parti formateur compétent, LR et ses dissidents ont su recueillir un bon nombre de positions gouvernementales.
Cependant, l’article n’est pas complet puisqu’il reste encore 58.92% de son contenu à découvrir, accessible uniquement aux abonnés.