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23 septembre 2024 14 h 47 min

Attentat Charlie: Cherif coupable par déduction

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Suivre le raisonnement de Peter Cherif dans sa plaidoirie peut s’avérer compliqué. Il prétend vouloir parler mais reste muet. Par contre, lorsqu’il déclare ne pas vouloir s’exprimer, il se met parfois à parler. Son procès a d’abord été consacré, lors de la première semaine, à son caractère et aux témoignages des enquêteurs. Il était prévu que le lundi 23 septembre cet examen rentre dans le vif de l’affaire avec son interrogatoire détaillé.

Cependant, Peter Cherif s’est abstenu de parler tout au long de la matinée. « Je ne répondrai pas à la question » a été sa réponse constante durant une heure, questions posées par le tribunal d’assises spécial de Paris, le ministère public et les avocats des victimes, alors qu’il était assis les bras croisés dans son costume noir.

Ce vétéran du djihad ayant séjourné en Irak au milieu des années 2000, rejoint Al-Qaida dans la péninsule arabique (AQPA) au Yémen et y est resté pendant sept ans, entre 2011 et 2018. Il est actuellement jugé, entre autres, pour avoir aidé à recruter son ami d’enfance, Chérif Kouachi, pour le groupe terroriste. C’est lors d’une brève visite de ce dernier au Yémen pendant l’été 2011 que l’AQPA l’avait recruté et formé pour perpétrer un attentat contre Charlie Hebdo. Il a accompli cette mission le 7 janvier 2015.

Peu de temps après son inattendue capture à Djibouti le 16 décembre 2018, Peter Cherif avait promis aux enquêteurs français de s’exprimer devant la cour. Cependant, lors du second jour de son procès, mardi 17 septembre, il a finalement décidé de ne pas répondre à aucune question. Son ex-épouse, Fatma A., a ensuite témoigné de manière dévastatrice sur l’homme qu’il était, l’accusant de « viol » et de « séquestration », forçant Peter Cherif à briser son silence pour minimiser l’impact de son témoignage.
« Je remercie Mme A. de m’avoir confronté à ma vérité », a-t-il déclaré. « Je veux présenter mes excuses à vous tous et à la France entière (…) Mme A. a effectivement subi des pressions de sa famille et de moi-même, nous lui avons imposé un islam qui est en désaccord avec les enseignements de notre saint Prophète (…). C’est grâce à Dieu, aujourd’hui, que je peux lui dire : nous avons été injustes envers toi, injustes envers les musulmans, injustes envers les humains (…). Je la remercie de m’avoir humilié. L’humiliation en public est une bénédiction. Après tout le temps passé en prison et toutes mes lectures, je dois condamner mon passé. Je vais être honnête : je n’attends rien de ce procès. Quelle que soit la peine que vous demandez, c’est pour moi l’occasion d’assumer mes erreurs. »
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