Il ne s’agit pas seulement d’un événement banal, mais plutôt d’une histoire terrible et horrible qui est devenue une affaire nationale très importante. Depuis que la petite Narin Güran, âgée de huit ans, a disparu le 21 août et que son corps a été retrouvé dix-neuf jours plus tard dans un sac en plastique au fond de la rivière de son village, la Turquie a été plongée dans une tourmente. Il n’y a pas une semaine sans une mise à jour des enquêteurs, pas un jour sans un nouvel élément de l’enquête, pas un journal ou une émission de télévision sans que la responsabilité d’un ou plusieurs coupables soit annoncée ou dénoncée.
Suite à la disparition de la jeune fille dans son village de Tavsantepe, qui se trouve à une quinzaine de minutes en voiture au sud de Diyarbakir, la capitale régionale du sud-est anatolien à prédominance kurde, la police a débuté les recherches. Narin a été aperçue pour la dernière fois dans l’après-midi, en rentrant chez elle après avoir assisté à un cours d’études coraniques.
Rapidement, sa photo souriante est partagée sur les réseaux sociaux. L’indignation publique se fait sentir dans les rues des grandes villes où de nombreuses manifestations ont lieu.
La question concernant les disparitions d’enfants a pris une dimension politique lorsque des journaux d’opposition soulignent que le village de Tavsantepe a toujours prêté son soutien au Hüda Par, le parti kurde islamique qui trouve ses racines dans le Hezbollah turc (ainsi appellé pour le distinguer du Hezbollah libanais créé à la même période, en 1984), un groupe religieux extrémiste qui a trempé ses mains dans des meurtres politiques durant les années 90 et 2000. Certaines des cellules de ce parti auraient été actives à Tavsantepe à cette période. Depuis 2023, en tant que partenaire de la coalition gouvernementale, le Hüda Par est aujourd’hui principalement reconnu pour ses attaques virulentes contre les droits des femmes et l’égalité des sexes.
Ensuites des controverses récentes
Suite à la découverte du corps de Narin, deux déclarations successives ont entrainé de nouveaux scandales. Vedat Turgut, le candidat de Hüda Par dans l’un des quartiers de la ville aux élections municipales de mars, a déclaré de façon réprobatrice devant l’Institut de médecine légale de Diyarbakir, après avoir rendu visite aux proches de la victime: « Ce n’est pas notre culture, c’est la culture de l’Europe, de l’Amérique et d’Israël ».
Sur Sözcü TV, Galip Ensarioglu, un député local de l’AKP, le parti du président actuel Recep Tayyip Erdogan, a quant à lui fait savoir qu’il entretient depuis quarante ans une « amitié avec la famille » et qu’« il y a des choses que nous ignorons et des choses que nous savons mais que nous ne devrions pas dire ». Ces déclarations ont suscité des inquiétudes quant à une possible tentative des autorités de dissimuler l’affaire. L’élu a, par la suite, déclaré que ses propos avaient été mal interprétés.
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