Vêtue sobrement d’un tailleur-pantalon noir, d’une chemise de couleur grise et de chaussures plates, Dominique Buffin s’intègre parfaitement dans l’environnement du Louvre à Paris. Au point que certains visiteurs perdus la confondent avec une gardienne de salle, lui demandant le chemin le plus rapide jusqu’aux toilettes ou jusqu’à la Joconde. Selon elle, c’est une « leçon d’humilité ». Depuis le 17 septembre, elle est à la tête du service crucial de l’accueil et de la surveillance du musée le plus fréquenté au monde, avec un personnel de mille cent agents. C’est un moment symbolique : pour la première fois dans l’histoire du musée, une femme assure sa protection.
Âgée de 45 ans, Dominique Buffin n’est pas une débutante. Depuis vingt ans, elle grimpe discrètement les échelons du secteur du renseignement et de la sécurité. Ces six derniers mois, en tant que directrice déléguée, elle a pu s’initier rapidement aux rouages du Louvre grâce à son prédécesseur, Denis Fousse. Une occasion pour elle de mettre à l’épreuve son sang-froid durant la frénésie olympique.
Alors, le musée est en état d’alerte. Bien que le nombre de touristes dans les salles soit en baisse, ses alentours sont quotidiennement bondés. Chaque soir, des milliers de curieux se réunissent dans le jardin des Tuileries, situé dans le périmètre du Louvre, pour assister au décollage de la vasque olympique. Il a fallu contrôler et réguler les déplacements des visiteurs, tout en anticipant les mouvements de foule.
Dominique Buffin, à contre-courant du stress intense des événements, préfère concentrer son énergie sur les moments marquants, tels que le trajet de la flamme olympique le 14 juillet ou le dîner de gala des dirigeants le 25 juillet à la pyramide. Alors que cinq cents invités triés minutieusement savourent homard bleu et croustillant de sarrasin, Buffin, yeux fixés sur les moniteurs de sécurité, avale un sandwich tout en analysant attentivement les anomalies potentielles. Cette institution, ayant accueilli près de neuf millions de visiteurs en 2023, est constamment sous surveillance.
Toutefois, Buffin n’est pas impulsive, bien qu’intrépide. Son téléphone portable vibre pratiquement en permanence. Une alerte pour un enfant perdu dans les pièces consacrées à l’Égypte ancienne par exemple, suivie peu après par une autre signalant sa découverte. Elle fait cependant attention à ne pas vérifier tous les messages instantanément. Les urgences viennent par des appels, sinon « c’est le burn-out garantie! », affirme-t-elle.
Dominique Buffin est une femme courageuse, cependant, elle n’est pas du tout imprudente. Elle a passé son adolescence à jongler entre l’idée de devenir avocate ou policière. Finalement, après avoir terminé ses études de droit, elle a opté pour la police, une décision qui a suscité l’inquiétude de ses parents, car ils la considéraient comme une carrière dangereuse et typiquement masculine. Néanmoins, Dominique Buffin contredit ce stéréotype en soulignant que presque un tiers de la police nationale est féminin, en se basant sur des statistiques. Bien que le sexisme soit monnaie courante dans sa profession, elle affirme qu’elle n’a jamais été la cible de commentaires offensants et qu’elle n’a rencontré aucune difficulté à faire valoir son autorité. Elle ne ressent pas le besoin de se battre pour prouver la valeur de son genre. Le reste de cet article est uniquement accessible aux abonnés.
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