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21 septembre 2024 13 h 47 min

Marguerite Abouet victime campagne raciste

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Le 17 juin à Paris, l’ancien ministre de l’éducation, Pap Ndiaye, a remis à la scénariste renommée Marguerite Abouet la médaille de chevalier de l’ordre national du mérite. Marguerite est l’auteur des bandes dessinées populaires Aya de Yopougon et Akissi. Deux semaines plus tard, elle se trouve en Martinique pour le festival Partir en livre, accompagné de son fils de 17 ans qui vient de passer son baccalauréat. C’est le soir du premier tour des élections législatives anticipées et l’ouragan Beryl se dirige vers l’archipel. Le Rassemblement national obtient le meilleur score avec 33,35% des voix. Abouet et son fils regardent ces résultats dans un restaurant, entourés de personnes satisfaits. Bien que déconcertée, Abouet reste optimiste. « Je crois en ma France, » déclare-t-elle avant de rassurer son fils.

Malgré le tumulte politique, elle poursuit son travail. Elle est surtout connue pour ses œuvres de bande dessinée pour enfants, dont presque 1,3 million d’exemplaires ont été vendus depuis les années 2000. Elle se concentre à présent sur la préparation de son prochain livre, le onzième tome des aventures d’Akissi. En collaboration avec le dessinateur Mathieu Sapin, elle raconte depuis quatorze ans les péripéties d’une petite Ivoirienne, écho d’elle-même, dans le quartier de Yopougon à Abidjan.

Alors que la rentrée scolaire s’annonce, Akissi, âgée de 12 ans, quitte son pays natal pour la France, à l’instar de Marguerite Abouet avant elle. Gallimard Jeunesse célèbre le lancement du premier tome de ce nouveau cycle, nommé Akissi de Paris, en produisant une impression initiale de douze mille copies. Le 21 août, l’éditeur a révélé la couverture du livre sur Facebook grâce à une publication sponsorisée, une méthode généralement utilisée pour augmenter la visibilité d’un post en échange d’un paiement. Bien au-delà de son public cible initial, ce post a touché un large éventail de personnes. Avec son message indiquant : « Akissi arrive à Paris ! Elle vient de quitter la Côte d’Ivoire et entame sa scolarité dans un collège parisien. Mais la transition est difficile : un nouveau pays, de nouvelles règles, de nouveaux amis… Akissi est au bout de ses forces dès son arrivée ».

Malheureusement, des messages haineux ont été laissés en réponse à la publication. Marguerite Abouet s’est dite choquée : « J’ai toujours accueilli la critique – chacun a le droit de ne pas aimer ce que je fais. Mais c’est totalement différent ici », a-t-elle confié. Elle a passé sa carrière a raconter des histoires universelles pour montrer que « l’autre, c’est nous tous », combattant les préjugés et encourageant ses jeunes lecteurs à établir des connexions « par la connaissance et la compréhension ». Pour la première fois, elle est elle-même devenue une cible des trolls anonymes sur Internet.

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