Le Premier ministre sénégalais, Ousmane Sonko, a annoncé le 4 septembre qu’ils feraient tout leur possible pour faire revenir les fonctionnaires de l’ancien président Macky Sall afin de répondre de leurs actions. Il semble que ce processus ait commencé, comme l’a démontré le cas de l’ancien ministre de l’Urbanisme, Abdoulaye Saydou Sow.
M. Sow a tenu une conférence de presse le 9 septembre où il a annoncé qu’il avait été empêché de quitter le pays. Ce refus est survenu sans explication alors qu’il se préparait à assister à un match de l’équipe nationale de football au Malawi en tant que vice-président de la Fédération sénégalaise de football.
Cela semble correspondre aux propos de Sonko lors de son discours du 4 septembre. Il avait déclaré qu’ils avaient pris des mesures préventives pour empêcher certaines personnes de quitter le pays.
Ces actions font partie de la critique constante du gouvernement actuel à l’égard de l’administration précédente. Sonko et le président Bassirou Diomaye Faye ont intégré la transparence et la lutte contre la corruption en tant que thèmes principaux de leur campagne présidentielle. Ils ont même créé un slogan autour de ces valeurs : « Jub, Jubbal, Jubbanti », une phrase en wolof qui symbolise l’intégrité et la rectitude.
Le gouvernement actuel semble faire face à des « erreurs volontairement dissimulées » par l’administration précédente.
En juillet, trois mois après son ascension au pouvoir, une demande d’audit sur la gestion de plusieurs entités publiques a été faite à l’Inspection générale d’Etat (IGE). M. Diomaye Faye, lors d’un discours le 12 septembre, a révélé l’existence d’un rapport soumis à la Cour des comptes, dénonçant des irrégularités financières délibérément dissimulées qui auraient des conséquences désastreuses sur l’économie de l’Etat.
Depuis le mois de juillet, des noms d’anciens ministres et dirigeants d’institutions publiques suspectés de mauvaise gestion des fonds publics circulent dans les médias et sur les groupes WhatsApp politiques. Tant Manar Sall, ancien directeur général de Petrosen, la compagnie nationale de production pétrolière, que M. Sow et Mamadou Gueye, un activiste de l’APR sous la direction de M. Sall et ancien directeur des impôts et domaines, ont été empêchés de quitter le pays le 10 septembre.
L’ancien parti au pouvoir condamne ces actions, les qualifiant de « chasse aux sorcières ». Omar Youm, membre du parti et ancien ministre sous M. Sall, s’insurge contre ces actions, affirmant qu’au moins cinquante personnes, dont d’anciens ministres et de nombreux candidats potentiels aux élections législatives du 17 novembre, sont ciblés. Cette avocat professionnel critique également le flou des procédures judiciaires.
Il dénonce que ces personnes, interdites de quitter le pays, ne savent même pas si elles font l’objet d’enquêtes judiciaires officielles. Il estime qu’il y a une forte probabilité que ces restrictions importantes ne soient basées sur aucun fondement légal.
Un nouveau groupe judiciaire a été formé.
Réagissant à la situation, divers groupes de défense des droits civiques et individuels ont publié une déclaration exhortant les dirigeants à s’assurer que les procédures de reddition des comptes se déroulent dans un cadre juridique et équitable. Alioune Tine, leader de l’un de ces groupes, a souligné le consensus selon lequel le procès de 2014 contre Karim Wade, le fils de l’ancien président Abdoulaye Wade, a été marqué par une violation des droits de la défense, ce qui a nui à la lutte contre la corruption. Il espère une meilleure exécution par les nouvelles autorités.
Le ministère de la justice reste pour sa part assez fermé sur le sujet, affirmant que les interdictions de voyager sont de la responsabilité du procureur de la République et que « cinq des personnes concernées ont déjà pris la fuite ». Un avocat de M. Sow exprime son indignation face au manque de procédures connues et notifiées rendez l’action du procureur illégal, affirmant qu’aucune loi ne permet d’entraver la liberté d’un citoyen sans une telle démarche. Selon ce célèbre juriste, les procédures actuelles sont « désordonnées » et « politiquement motivées ».
Quant au parti auquel appartient MM. Sonko et Diomaye Faye, les Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef), ils nient toute utilisation abusive de la justice. Selon Ayib Daffé, le secrétaire général du parti, le peuple demande une reddition des comptes. « En réalité, la pression populaire nous pousse à agir plus rapidement, plus durement. Cependant, nous souhaitons faire les choses correctement », affirme-t-il.
Selon les preuves fournies par le président Diomaye Faye, un nouveau secteur judiciaire financier a été équipé de bureaux, de personnel et de ressources robustes. Le 17 septembre, vingt-sept juges spécialisés dans la corruption et les crimes économiques ont été officiellement affectés à cette nouvelle division judiciaire qui remplace la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI). Cette nouvelle entité, imaginée sous la présidence de M. Sall, a plus d’autorités que la CREI précédente.
En revanche, à la différence de l’ancienne, celle-ci permet aux avocats de la défense de faire appel et met fin aux procédures qui inversaient la charge de la preuve, transformant thus les justiciables en coupables présumés. Le procureur assigné à la tête de l’institution a promptement incité les juges à travailler en conformité avec la loi, dans le respect de la dignité humaine et des droits de la défense.
Dans le champ politique, les opposants de l’ancien régime de Macky Sall exigent aussi des réponses. Aminata, aussi connue sous le nom de Mimi Touré, une ancienne première ministre maintenant alliée à Bassirou Diomaye Faye, a récemment déclaré à propos d’Amadou Ba, ancien premier ministre de M. Sall et candidat infructueux à la dernière élection présidentielle, qu’il « devrait aborder ses anciennes fonctions en tant que ministre des finances. Au-delà de sa richesse personnelle (…), il sait qu’il doit des explications sur de nombreux aspects financiers ».
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