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20 septembre 2024 4 h 48 min

Pression migratoire à Ceuta

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La circonstance est inhabituelle. Le mercredi 11 septembre, environ 4000 Marocains, dont presque cent cinquante sont mineurs, suspectés d’essayer d’entrer illicitement dans l’enclave espagnole de Ceuta, ont été appréhendés ou renvoyés, d’après le ministère de l’intérieur marocain. Des messages sur les médias sociaux invitaient à se rendre dans ce territoire le dimanche 15 septembre.

Les forces de sécurité ont repoussé des centaines de personnes près de la frontière ce jour-là, mais la majorité a été interpellée dans les villes proches de M’diq, Tétouan et Tanger, selon les activistes associés. Officiellement, aucun individu n’a réussi à franchir la frontière espagnole, cependant, selon certains rapports, une vingtaine de personnes venant d’El-Jadida, une ville située à 500 kilomètres au sud, ont réussi.

Une multitude de citoyens marocains est étonnante, alors que ces tentatives d’entrée forcée ont généralement impliqué des personnes d’Afrique subsaharienne. Entre le 17 et le 18 mai 2021, entre 8000 et 12000 Marocains, selon les estimations, ont pénétré à Ceuta sur le terrain d’une crise diplomatique entre Rabat et Madrid; le Maroc blâmait l’Espagne pour accueillir Brahim Ghali, le leader des indépendantistes sahraouis, pour des soins médicaux. « Cependant, ces départs avaient l’appui tacite des autorités marocaines », affirme le chercheur Ali Zoubeidi, spécialiste des questions migratoires, qui conduit une étude sur le terrain.

Cette dernière affirme qu’il n’y a pas de parallèle avec la situation actuelle, car elle voit la journée du 15 septembre comme une manifestation d’une nouvelle méthode d’action. Elle explique : « Le mode d’opération a changé. Ce n’est plus la clandestinité organisée en petits groupes, parfois aidés par des passeurs, comme c’était couramment pratiqué par les Marocains, mais une mobilisation en masse et une confrontation directe avec la police. »

Une combinaison de plongée

En dépit de ne pas être nouvelle, l’utilisation des réseaux sociaux semble être plus importante que jamais dans l’organisation de ces tentatives de franchissement de frontières. Ainsi, des communautés entières se coordonnent, soit par ville ou par région, via des groupes sur WhatsApp ou Facebook.

L’impact de TikTok, où les candidats à l’immigration documentent leur aventure, est évalué comme significatif par de nombreux observateurs. L’exemple de Chaimae El Grini, rapporté fréquemment par la presse espagnole, démontre l’importance de ce réseau social très en vogue au Maroc. Elle a publié, le 21 août, une photo de sa propre personne sur son compte, qui a été visionnée plus de 4 millions de fois. Originaire de Martil, se situant à 35 kilomètres au sud de Ceuta, elle y est montrée souriante en combinaison de plongée, les cheveux mouillés et le pouce levé, après une traversée à la nage de cinq heures qui l’a amenée à l’enclave.

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