Dans un paysage majestueux de neiges pures, situé à environ 7 950 mètres d’altitude, l’on trouve des débris de toutes sortes, y compris des restes de tentes et des emballages de repas déshydratés. Le français Inoxtax a capturé cette scène surprenante dans le camp IV, l’ultime étape de l’escalade vers le versant sud de l’Everest, au Népal. La séquence, d’une durée d’une minute et une seconde, est une partie de son documentaire « Kaizen : un an pour gravir l’Everest » (2024), qui attire l’attention sur un problème de pollution qui dure depuis des années.
Depuis que l’Everest a été ouvert au public en 1950, la montagne la plus haute du monde n’a cessé d’attirer un nombre croissant d’alpinistes. Par rapport aux 118 permis délivrés en 2000, 421 permis ont été délivrés lors de la dernière saison d’escalade.
Le documentaire d’Inoxtag, disponible sur YouTube depuis le 14 septembre et déjà vu plus de 25 millions de fois, dépeint cette surpopulation. Face à une foule d’alpinistes coincés au niveau du glacier du Khumbu, Inoxtag, dont le vrai nom est Inès Benazzouz, s’exclame : « Wesh, c’est quoi ce bordel ! ». Son guide de montagne, Mathis Dumas, lui murmure en réponse : « C’est l’enfer sur terre ».
« Durant les premières expéditions, il était habituel de laisser tout son matériel sur place pour redescendre le plus rapidement possible », explique Luc Boisnard, alpiniste français et à l’initiative du projet Himalayan Clean-up. « Malheureusement, c’est toujours le cas aujourd’hui. À de très hautes altitudes, nombre d’alpinistes ont tendance à laisser leurs déchets sur place », regrette-t-il.
Les opérations de nettoyage sont extrêmement difficiles.
Chaque année, la montagne est submergée par le dépôt de déchets, y compris des tentes, des batteries et divers emballages, emprisonnés par la couche glaciaire. En 2024, l’armée népalaise a réussi à redescendre presque 11 tonnes de détritus, la majeure partie provenant du mont Everest. « Cela ne me surprend pas du tout. J’ai personnellement réussi à faire descendre près d’une tonne en 2001 », affirme l’alpiniste, qui se concentre désormais sur le nettoyage du Makalu et de l’Annapurna dans l’Himalaya.
Les opérations de nettoyage dans ces camps perchés à des altitudes extrêmes sont laborieuses et exigent de conséquents efforts humains. « Un individu ne peut porter que 20 à 30 kilos sur son dos. De plus, il faut compter trois à quatre jours d’ascension en fonction des conditions météorologiques « , détaille Luc Boisnard.
Le tourisme de montagne est une source majeure de revenus pour le Népal, où selon Oxfam, 44 % de la population vit sous le seuil de pauvreté. Les agences d’expédition tirent profit de cette manne en multipliant les offres pour une clientèle fortunée et en facilitant l’accès à la montagne. « Le confort des grimpeurs s’est considérablement amélioré », observe Marion Chaygneaud-Dupuy, à l’initiative du premier projet de nettoyage du côté nord de l’Everest. « Cependant, cela génère de nouvelles formes de pollution avec des déchets plus variés, comme l’électronique ou encore des médicaments susceptible de contaminer l’eau des glaciers », prévient-elle.
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