L’étude la plus approfondie sur la pêche illégale en Guyane provenant des pays limitrophes (Brésil, Suriname et Guyana), a été rendue publique le 16 septembre. Cette recherche, menée depuis plus de trente ans, a été financée par l’État et effectuée conjointement par le comité des pêches, l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer) et le Fonds mondial pour la nature (WWF). Selon Léonard Raghnauth, président du Comité régional des pêches, ce rapport est accablant et confirme les craintes liées à une surproduction de la pêche pirate sur leur territoire. Les détails de toutes les actions de l’État en mer de 2019 à 2023 ont été mis à la disposition des chercheurs de l’Ifremer, y compris les données satellitaires, les rapports de contrôle de la mer et les vols de surveillance de l’armée, selon Fabian Blanchard, délégué régional de l’Ifremer. Ils ont également utilisé les données de onze vols supervisés par le WWF.
D’après le rapport, l’activité maritime des embarcations clandestines étrangères a connu une augmentation significative au cours des dix dernières années. Entre 2009 et 2011, le nombre moyen de jours en mer consacrés à la pêche illégale dans la zone maritime des 12 milles nautiques était de 5 336 jours par an, d’après une étude de l’Ifremer datant de 2012. Entre 2019 et 2023, le chiffre a grimpé à 10 914 jours en moyenne par an. Au cours des cinq dernières années, la production de poisson issue de la pêche illégale aurait représenté entre 70% et 400 % de celle issue de la pêche légale, selon les estimations les plus conservatrices ou les plus alarmistes, précisent les chercheurs.
Qui plus est, environ 75% des segments de filet décrits dans les rapports de contrôle dépassent la limite réglementaire française de 2,5 kilomètres, selon le rapport. Selon le comité des pêches, le problème est sous-estimé. Les embarcations clandestines se cachant dans les mangroves, pratiquant la pêche nocturne, ou utilisant des mailles de filet plus petites ne sont pas prises en compte dans le rapport, souligne Léonard Raghnauth.
La surpêche menace tout particulièrement les stocks d’acoupa rouge, surtout à cause de sa vessie natatoire qui permet à l’espèce de flotter et qui est très prisée. Cette dernière est vendue à plus de 150 euros le kilo au Surinam et au Brésil, puis est exportée séchée vers l’Asie, où son prix explose en raison de ses supposées vertus thérapeutiques.
« Étant donné le niveau actuel de pêche illégale, nous risquons de nous retrouver avec des stocks surexploités qui pourraient décliner rapidement si la situation se prolonge », avertit Fabian Blanchard. « Il faut renforcer les moyens de contrôle », conclut-il.
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