Il y a un peu plus d’une décennie, le 19 août 2014, James Foley, mon fils journaliste, fut brutalement tué par l’Etat islamique (EI) en Syrie. Des images de son exécution ont circulé sur le web abasourdissant les Américains. Sa tenue orange est devenue un symbole. Comme d’autres victimes d’enlèvement et de prise d’otages, les autorités ont considéré sa mort comme un dommage collatéral. Pour ma part, j’ai refusé d’accepter cette perspective.
Depuis la disparition de Jim, une décennie s’est écoulée et j’ai découvert que de la souffrance peut émerger l’espoir et la transformation. Je me suis dédiée à partager son histoire au monde entier. Les dirigeants politiques et le public commencent à prêter l’oreille. Même ceux qui l’ont tué ont entendu son message.
C’est un message que je crois fermement que nous devons tous continuer à écouter : pour être éthique, on doit être courageux et exprimer ses convictions. Être Américain, être un journaliste, ou croire au changement n’est pas un crime – nous avons la capacité de faire entendre nos voix à nos dirigeants, nous pouvons faire revenir ceux que nous aimons. Même en ces périodes de tension palpable, l’espoir est possible.
Quand mon fils a perdu la vie, j’éprouvais tant de colère contre le gouvernement des États-Unis, peut-être plus qu’envers ceux qui l’ont tué. Des responsables du Conseil national de sécurité et d’autres hauts dirigeants ont menacé notre famille de poursuites judiciaires, tout comme plusieurs autres familles, si nous avions essayé de rassembler l’argent nécessaire pour racheter sa liberté. J’étais stupéfaite de voir comment les gouvernements de la France, de l’Espagne et de l’Italie se sont battus pour sauver la vie de leurs citoyens, alors que nos hommes et femmes étaient tout simplement laissés à leur propre sort, sans secours.
L’intransigeance, la ténacité et le manque de jugement de cette politique me fendaient le coeur.
Jim était un reporter qui avait couvert les tragédies en Afghanistan, en Libye et en Syrie, partageant les histoires de détresse du peuple et les conditions de vie de nos militaires. Il a été capturé et torturé pour avoir accompli son devoir en tant que journaliste et défenseur de la démocratie. L’Histoire nous a montré qu’une nation bien informée peut demander à ses leaders d’assumer leurs responsabilités. Bien que Jim était un citoyen américain, travaillant pour informer le public avec le soutien de la population américaine, le message que nous avons reçu de la Maison Blanche était clair et inébranlable : il n’y aura aucune tentative de négocier sa libération ; les Américains ne négocient pas avec les terroristes, nous avons été avertis.
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