La plate-forme X, propriété du milliardaire Elon Musk, a brièvement rétabli ses services au Brésil, en défi aux autorités locales, avant de redevenir inaccessible le jeudi 19 septembre. Selon Basilio Rodriguez Perez de l’Association brésilienne des fournisseurs d’accès internet (Abrint), la plate-forme a arrêté d’utiliser les services de l’entreprise de cybersécurité Cloudflare pour contourner l’interdiction peu avant 16 heures, heure locale.
Quelques-uns des 22 millions d’utilisateurs brésiliens avaient retrouvé l’accès à X sur leur mobile depuis le mercredi, malgré une décision de blocage de la Cour suprême le 30 août. Le juge Alexandre de Moraes avait ordonné le blocage de la plate-forme pour négligeance envers plusieurs décisions judiciaires liées à la lutte contre la désinformation.
Face à une amende quotidienne dépassant 800 000 euros, X avait affirmé, mercredi soir, que la récupération des services était involontaire et temporaire suite à un changement de serveur. Toutefois, l’Agence brésilienne des télécommunications (Anatel) a indiqué, jeudi, que les actions de X montraient une volonté délibérée de contourner l’ordre de la Cour suprême et a promis de prendre des mesures en cas de nouvelles tentatives de contournement de la suspension.
L’entreprise Cloudflare et les opérateurs de télécommunication ont permis l’identification d’un système qui, on l’espère, pourra rétablir le blocage de la plateforme, selon l’Anatel.
Dans sa décision publiée jeudi, le juge Moraes a ordonné au réseau social de procéder à un nouveau blocage de son service, sous peine d’une amende de 5 millions de réais (environ 820 000 euros) par jour. Il a mentionné que X a affiché une résistance illégale et persistante, avec l’intention de ne pas obéir aux injonctions judiciaires.
L’opération technique qui a permis à X de redevenir accessible à ses utilisateurs avait été décrite par l’Abrint dès mercredi. « L’application X a subi une mise à jour (…) durant la nuit [de mardi à mercredi], resulting in a major modification of its structure, » the Abrint reported.
L’utilisation de Cloudflare par X, qui change constamment d’adresses IP, « rend le blocage de l’application beaucoup plus complexe », expliquait l’association. Auparavant, les adresses IP – qui identifient les appareils des internautes – étaient fixes et pouvaient facilement être bloquées.
La suspension de la plate-forme a suscité une intense discussion au Brésil, et ailleurs, concernant les limites de la liberté d’expression sur les réseaux sociaux. Elon Musk a critique vivement le blocage, accusant le juge Moraes de « dictateur ». La droite brésilienne, menée par l’ancien président Jair Bolsonaro, l’a soutenu dans sa prise de position.
La suspension a cependant été approuvée par le gouvernement du président de gauche, Luiz Inacio Lula da Silva, en faveur du respect des lois.