Mohamed Al-Fayed, l’ancien propriétaire de Harrods décédé en août 2023, fait face à des accusations de violences sexuelles de la part d’au moins 37 femmes, ont annoncé leurs avocats le vendredi 20 septembre, qui ont décidé de poursuivre le grand magasin en justice. Gloria Allred, une avocate américaine faisant partie de l’équipe juridique traitant cette affaire, a proclamé que « l’heure de la justice a sonné » lors d’une conférence de presse à Londres. Par ailleurs, l’avocat Dean Armstrong KC a indiqué qu’il y avait eu une défaillance « scandaleuse » dans la responsabilité d’entreprise du côté de Harrods. Ce magasin de renommée a été acquis en 2010 par le fonds souverain Qatar Investment Authority.
Cette conférence de presse a eu lieu au lendemain de la diffusion par la BBC d’une enquête intitulée Al-Fayed : un prédateur chez Harrods. Environ une vingtaine de femmes ont témoigné dans ce documentaire, dont cinq accuse Mohamed Al-Fayed de viols commis soit à Londres, soit à Paris, tandis que d’autres parlent de tentatives de viol et d’agressions sexuelles.
Le vendredi à Londres, les avocats des victimes présumées ont promis de « rendre justice » aux 37 femmes qu’ils représentent actuellement, tout en appelant d’autres victimes potentielles à se manifester. Selon Dean Armstrong KC, Mohamed Al-Fayed était « une bête », « une bête qui a profité d’un système ».
« Nous menons actuellement une action en justice contre Harrods, en concentrant nos efforts sur cette entreprise dans le cadre de sa responsabilité collective », a expliqué un représentant, indiquant disposer de preuves montrant que ces actes constituaient un comportement répété. « Si Harrods estime qu’il est nécessaire d’indemniser financièrement ces femmes (…), c’est une initiative que nous applaudirions bien sûr, mais nous ne tolérerons pas d’être accusés de n’être motivés que par l’argent. C’est bien plus que ça », a-t-il ajouté.
Parmi les survivantes, nous en avons du monde entier », a mentionné l’avocat Bruce Drummond, ajoutant qu’une des victimes était âgée de 16 ans lorsqu’elle prétend avoir été attaquée. Les plaintes proviennent de différents pays dont la Malaisie, l’Australie, l’Italie, la Roumanie, les États-Unis et le Canada.
Des anciennes employées du Ritz à Paris figurent également parmi les victimes alléguées, a confirmé l’avocate Maria Mulla lors d’une conférence de presse à Londres. « Nous défendons également des femmes qui étaient employées au Ritz », a-t-elle déclaré en réponse à une question concernant d’éventuelles allégations portées par d’autres employées que celle de Harrods.
Gloria Allred, célèbre avocate américaine spécialisée dans la défense des droits des femmes, a mis en évidence « une ambiance toxique, dangereuse et violente » qui existait « sous le scintillement et le glamour» du renommé grand magasin. Selon elle, le comportement de Mohamed Al-Fayed était « constant et répété». Elle a aussi affirmé que « Harrods a connu un quart de siècle de violences sexuelles ».
« Elle a insisté sur le fait que les attaques ne se limitaient pas à Harrods, elles s’étaient également déroulées au Ritz à Paris, dont le propriétaire était aussi l’homme d’affaires, ainsi qu’à sa propriété parisienne, la Villa Windsor.
Ces actions étaient connues de tous, ont soutenu les avocats. L’avocate Anna Mulla a fait part de la «peur» et «l’angoisse» que de nombreuses victimes présumées ont subi pendant des années. Mohamed Al-Fayed était «intelligent et très manipulateur», a déclaré une des présumées victimes, Natacha, lors de la conférence de presse. «Il était un monstre, même si nous n’en étions pas conscients à l’époque».
Mohamed Al-Fayed, né le 27 janvier 1929 dans un quartier modeste d’Alexandrie, en Egypte, a vécu la majeure partie de sa vie en Grande-Bretagne, où il est devenu propriétaire de Harrods en 1985 et du club de football Fulham FC de 1997 à 2013. Selon la BBC, il avait déjà été accusé d’actes similaires et la police avait lancé une enquête en 2015 pour viol. Mais le père de l’ultime amant de la princesse Diana, Dodi, qui est mort avec elle dans un accident de voiture à Paris le 31 août 1997, n’a jamais été inculpé.
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