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19 septembre 2024 18 h 47 min

La fiction américaine doit captiver

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Colson Whitehead, l’écrivain new-yorkais reconnu pour ses œuvres Nickel Boys et Underground Railroad (Albin Michel, 2020 et 2017) et deux fois lauréat du Prix Pulitzer, a sorti La Règle du crime, la deuxième partie de sa Trilogie de Harlem, qui fait suite à Harlem Shuffle (Albin Michel, 2023). Participant au Festival America, il partage sa perspective sur le rôle d’un écrivain aux États-Unis et ce qui motive son travail.

Ses œuvres sont traduites en Europe depuis plus de deux décennies. Lorsqu’on l’a interrogé sur la différence entre les scènes littéraires américaine et européenne, il a observé qu’en Europe, plus la population est blanche, plus il recevait des questions étranges. Un grand nombre de pays européens ont une petite population noire. On lui demandait constamment pourquoi Obama était considéré comme noir alors que sa mère était blanche. En réponse à ces absurdités, il souhaitait souvent répondre « Pourquoi ne lisez-vous pas mon livre? Pourquoi devrais-je vous « expliquer les Noirs »? »

Il est intéressé par l’histoire des États-Unis, ce qui est un thème central dans la plupart de ses livres.

L’histoire américaine me captive autant que les opportunités qu’elle me donne. Dans Nickel Boys, j’ai pu concevoir la réalité des adolescents en Floride durant les années 1960, dans le contexte des lois de ségrégation raciale appelées « Jim Crow ». Cela a été décrit du point de vue d’un individu de couleur. Néanmoins, un auteur noir n’est pas contrainte d’écrire au sujet de l’histoire ou de l’esclavage. Ils peuvent écrire avec autant d’aisance de la poésie, ou un guide de jardinage. Mon amour pour la poésie est prononcé, mais ce qui m’attire vraiment, c’est la désir de comprendre l’Amérique. Comment en sommes-nous arrivés à ce stade? Où en sommes-nous actuellement? Quelle est notre origine? Ecrire à ce sujet peut me permettre de dénouer certains aspects de ma propre identité et de l’organisation du monde.

On m’a déjà dit que certaines personnes souhaiteraient que j’écrive sur des sujets différents. A quoi faisais-je référence ? Je faisais allusion aux auteurs noirs en général. Je n’ai jamais ressenti une quelconque pression de la part de mon éditeur. Mon premier roman, L’Intuitionniste, parle d’un groupes d’inspecteurs d’ascenseurs. Il a été publié aux Etats-Unis par la même maison d’édition qui me publie actuellement, ce qui fait maintenant 25 ans qu’ils savent que j’ai régulièrement des idées peu conventionnelles [rires]. Aujourd’hui, il y a un nombre croissant de noirs, de latinos et d’asiatiques publiés aux Etats-Unis. Les jeunes éditeurs n’ont sans doute pas les mêmes inhibitions que leurs prédécesseurs de la génération du baby-boom. Cependant, le secteur de l’édition américain reste majoritairement blanc.

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