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19 septembre 2024 14 h 44 min

Hongkongais condamné pour tee-shirt

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Le 19 septembre, un habitant de Hongkong, Chu Kai-pong, a été condamné à une peine de prison de quatorze mois par une cour de justice locale. Cette décision fait de lui la première victime d’une loi récente sur la sécurité nationale pour avoir porté un t-shirt arborant des inscriptions jugées « séditieuses ». Cet homme de 27 ans avait avoué lundi avoir commis des « actes séditieux ».

M. Chu a été arrêté le 12 juin, une journée fortement associée aux manifestations massives, parfois violentes, qui ont défendu la démocratie en 2019, pour avoir porté un t-shirt et un masque arborant des slogans protestataires. Un tribunal précédent avait jugé que l’un des slogans sur le t-shirt de M. Chu, « Libérez Hongkong, révolution de notre temps », pouvait potentiellement encourager la sécession.

Le juge principal, Victor So, a déclaré que le tribunal devait « refléter complètement la position du législateur sur la gravité de l’offense » et a ajouté que M. Chu avait délibérément choisi cette journée symbolique pour resusciter les idées qui avaient conduit aux troubles, se référant aux manifestations pro-démocratiques de 2019.

Selon le tribunal, M. Chu a insisté que son slogan appelait à ce que Hongkong revienne sous contrôle britannique. Il a choisi de porter ce t-shirt pour rappeler aux résidents locaux les manifestations de 2019, lorsque ce slogan a été largement utilisé par les protestataires.

Avant cette accusation, il avait déjà purgé une peine de trois mois de prison en janvier pour sédition pour avoir porté et conservé des vêtements et des drapeaux avec des slogans protestataires dans ses bagages. Sarah Brooks, directrice d’Amnesty International pour la Chine, a condamné l’emprisonnement de M. Chu pour son choix de vêtements comme une violation manifeste du droit à la liberté d’expression.

Dans un jugement distinct, un ancien employé de banque a été sanctionné jeudi par une peine de dix mois de prison par le même juge pour avoir inscrit des slogans « séditieux » sur des sièges de bus. Arrêté en juin, Chung Man-kit, 29 ans, a admis avoir inscrit des slogans tels que : « un Hongkong autosuffisant et indépendant », et « libération de Hongkong, la révolution de notre époque » lors de déplacements en bus. Selon le magistrat Victor So, la sentence prononcée devrait servir de dissuasion, en respectant « l’intention du législateur de prévenir les infractions avant leur réalisation ».

Loi de l’époque coloniale rétablie en 2020

En mars, Hongkong a mis en vigueur une loi renforcée sur la sécurité nationale, c’est la deuxième législation de cette nature, introduite après celle imposée par Pékin en 2020, suite aux grandes manifestations pro-démocratiques de 2019. La loi révisée a alourdi la définition du délit de sédition intégrant maintenant l’incitation à la haine contre les dirigeants communistes chinois, et allongé la durée d’emprisonnement maximum de deux à sept ans. Elle précise également les sanctions pour cinq types de crimes : la trahison, l’insurrection, le sabotage, l’espionnage et l’interférence étrangère.

Le délit de sédition fut introduit pendant la colonisation britannique de Hongkong, qui a pris fin en 1997, mais il a été rarement mis en application jusqu’à ce que les autorités de Hongkong le rétablissent en 2020 et inculpent plus de 50 individus et quatre compagnies.

Les opposants à cette réglementation, incluant des nations occidentales tels que les États-Unis, soutiennent qu’elle ne fera qu’affaiblir davantage les libertés et museler les voix contestataires à Hong Kong. Au cours du mois passé, plus de 300 individus ont été appréhendés en accord avec les deux législations de sécurité nationale. Parmi eux, 176 ont été inculpés et 160 ont été jugés coupables. Contribuer. Répéter ce contenu.