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18 septembre 2024 5 h 49 min

Talibans suspendent vaccination polio ONU

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Le régime taliban se replie de plus en plus sur lui-même, ignorant de plus en plus les demandes internationales. Une démonstration récente de cet isolement est le refus de Kaboul d’adapter sa politique qui exclut les femmes de la société. De plus, les islamistes afghans ont pris pour cible la campagne de l’ONU contre la polio. Le lundi 16 septembre, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a affirmé que la série de vaccinations prévue en Afghanistan avait été reportée. L’Afghanistan, avec le Pakistan, sont les seuls pays où la maladie est encore endémique.

Hamid Jafari, le directeur régional de l’OMS, a souligné que des discussions étaient en cours avec les autorités talibanes pour fixer une nouvelle date de lancement. Mardi, bien qu’un porte-parole du ministère de la santé ait d’abord nié cette suspension abrupte, il a ensuite indiqué que son pays prévoyait d’implémenter des « méthodes plus professionnelles pour freiner la propagation de la maladie ». L’OMS signalise que les talibans veulent faire administrer les vaccinations dans les mosquées ou d’autres lieux publics sous leur contrôle, abandonnant l’approche actuelle qui est de vacciner de porte en porte.

Taux d’inclusion féminine bas.

Selon l’ONU, cette décision pourrait engendrer des conséquences désastreuses, notamment pour les jeunes du pays. Le virus de la polio est l’un des plus contagieux au monde et les enfants non vaccinés sont les premiers à propager la maladie, qui peut conduire à la mort ou à la paralysie. L’arrêt de cette campagne de vaccination pourrait anéantir des années de progression en matière de protection de la santé.

Selon l’OMS, la poliomyélite a affecté 18 personnes en Afghanistan durant les huit derniers mois, principalement dans le sud du pays. Ce chiffre est en augmentation par rapport à 2023, où seulement six cas avaient été signalés. Malgré la situation, le Dr Hamid Jafari de l’OMS rassure que toutes les parties prenantes échangent pour cerner l’ampleur et l’impact des modifications potentielles de la politique actuelle d’élimination de la poliomyélite. Ces débats pourraient se prolonger car ils concernent non seulement l’efficacité de la réponse mais aussi la manière dont le régime perçoit sa souveraineté et la compatibilité de la lutte contre la polio avec sa vision de la loi islamique.

Au milieu de l’année, l’OMS avait mentionné que l’Afghanistan et le Pakistan s’étaient engagés dans une « campagne vigoureuse et synchronisée » pour augmenter le taux de vaccination. Pour la première fois depuis 2019, l’OMS a pu procéder à une vaccination porte-à-porte en juin, touchant ainsi, la plupart des enfants visés. Cependant, seules les mosquées et autres lieux publics avaient été utilisés comme centres de vaccination dans la province du sud de Kandahar, bastion du leader suprême des Talibans, le mollah Haibatullah Akhundzada, ce qui s’est avéré « beaucoup moins efficace », selon des experts des Nations Unies. De plus, la participation féminine aux campagnes de vaccination n’est que de 20 %, ce qui a pour conséquence d’augmenter le nombre d’enfants infectés.