La Kangoo avance lentement le long du Quai des Célestins à Paris. À l’intérieur, le responsable du projet de surveillance de la santé et un docteur bénévole de Médecins du Monde, vêtu d’un gilet cargo aux couleurs de l’organisation humanitaire, examinent attentivement la galerie adjacente à la Cité Internationale des Arts. « C’est ici que les jeunes demandeurs d’asile en appel se réfugient habituellement. Mais ils ont déjà été expulsés », constate Milou Borsotti, membre de l’organisation, en cette matinée frisquette de mi-septembre. De même, aucune trace des habituels squatteurs du Pont Marie sur les quais inférieurs.
La patrouille reprend alors son chemin à la recherche des réfugiés en situation de rue. Suite à la conclusion des Jeux Paralympiques, Médecins du Monde a commencé une nouvelle série de visites pour retrouver le contact avec les populations étrangères dispersées pendant les événements de Paris 2024.
Ils se dirigent vers la Chapelle, où les sans-abri se réfugient généralement chaque soir sous le métro aérien. Là, deux hommes sont assis sur une chaise. Devant eux, une poignée de jeunes soudanais se réchauffent au soleil le long de la clôture de la place. Le groupe entier a été chassé au lever du jour, et un camion marqué « Propreté de Paris » a ramassé les cartons qui leur servaient de bouclier nocturne.
Les deux membres de l’association, portant un lourd sac médical, s’approchent pour demander si les deux hommes ont besoin de soins. Hamed Taïeb indique une oreille douloureuse. Le docteur diagnostique une perforation du tympan. Des gouttelettes et des antibiotiques sont remis à l’homme, qui attend le renouvellement de sa carte de réfugié et a perdu sa couverture de santé universelle.
« Ils ont déchiré nos tentes ».
Alors que l’activité médicale est intense, le chef d’une association partage des détails sur l’accessibilité des services de Médecins du monde. Un Afghan nommé Ahmadzai Koudouz, récemment arrivé avec une chemise blanche immaculée et une coupe de cheveux soignée, interrompt la discussion. Asile demandé à Paris il y a deux ans après être retourné d’Autriche dans le cadre du règlement européen de Dublin (qui stipule que le migrant doit retourner dans son premier pays d’entrée dans l’espace Schengen), il parle de son sommeil perturbé par l’intervention de la police à Stalingrad. Il relate, «Ils ont débarqué à 6h du matin, dans l’obscurité totale. On était cinq, certains de mes amis venaient tout juste d’arriver en France. Ils nous ont ordonné de sortir et ont détruit nos tentes. Ils nous ont simplement permis de récupérer nos sacs de couchage et nous ont ordonné de quitter les lieux « , raconte le jeune homme de 21 ans, l’air abattu.
Stalingrad est l’un des sites le long de la ligne de métro 2 à Paris où les migrants se rassemblent. Cependant, les Jeux Olympiques ont bouleversé la situation : pour empêcher la formation de camps, Les autorités ont fait recours à des interventions musclées. Les actions de la police se sont intensifiées ces derniers mois. Plusieurs associations ont critiqué ce qu’elles appellent un « nettoyage social » qui ne dit pas son nom, réalisé avant l’événement sportif. La fin des jeux Olympiques de Paris 2024 ne semble pas avoir modifié ces pratiques, selon l’ONG. Le Chef de Médecins du monde s’indigne : « Maintenant, il n’y a aucun endroit à Paris où ces migrants peuvent monter leur tente ».
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