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18 septembre 2024 19 h 50 min

Claude Pivi arrêté au Liberia

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Claude Pivi, l’ex-colonel largement recherché en Guinée, est enfin appréhendé après une fuite de dix mois. Il a été un acteur clé de la junte qui dirigeait la Guinée entre 2008 et 2010. Connaissant une condamnation à perpétuité pour le massacre du 28 septembre 2009, Pivi a été arrêté le mardi 17 septembre au Liberia. Son arrestation a eu lieu dans un village à la frontière de la Guinée. Les images initiales de son arrestation, qui dépeignaient un Pivi considérablement diminué sur les réseaux sociaux, ont déconcerté de nombreuses personnes.

Les détails entourant son arrestation n’ont pas encore été révélés. Asmaou Diallo, présidente de l’Avipa, organisation des victimes, parents et amis du 28 septembre massacre, a salué cette arrestation comme une « victoire initiale pour toutes ses victimes ». Elle espère qu’il sera rapidement extradé vers Conakry pour purger sa peine.

Le 31 juillet précédent, les premiers coupables du massacre, qui a causé 156 morts et des centaines de blessés, outre le viol de 109 femmes selon le rapport d’une commission d’enquête des Nations unies, ont reçu des peines sévères. Tous les accusés étaient présents durant le procès, à l’exception de Pivi qui avait réussi à échapper aux autorités malgré une récompense de 50 000 euros pour sa capture.

Selon Souleymane Bah, président de l’Organisation guinéenne des droits de l’homme, un danger colossal menaçait dans la nature. Les atrocités perpétrées par un homme qui était à la fois un criminel, un meurtrier et un violeur de femmes étaient incontestables, comme en témoignent les victimes du massacre du 28 septembre 2009. Non seulement cet homme a orchestré ces actes ignobles, mais il y a également participé.
Claude Pivi a réussi à s’évader le 4 novembre 2023, lors d’une évasion spectaculaire de la prison de Conakry. Son fils Verny, qui est encore actuellement insaisissable, a dirigé le commando responsable de sa libération. Deux autres personnalités centrales de la junte qui avait réprimé avec une violence inimaginable ceux qui s’étaient opposés au désir des militaires de garder le pouvoir, ont également été libérées : Moussa Dadis Camara, le dirigeant, et Moussa Tiegboro Camara, l’ancien gendarme.
Malgré le fait qu’ils aient tous été rapidement repris et ramenés sur le banc des accusés, cette évasion a semé la panique dans le pays et a mis le régime putschiste actuel de Mamadi Doumbouya en état d’agitation. Claude Pivi maintient une certaine influence au sein de l’armée guinéenne, même si Mamadi Doumbouya s’est efforcé de supprimer les supporters supposés de Claude Pivi, majoritairement originaires de la Guinée forestière, des positions de commandement, surtout du bataillon autonome des troupes aéroportées.

« Vincent Foucher du CNRS soutient que l’arrestation de Pivi au Liberia, qui est adjacent à la Guinée forestière, n’est pas une coïncidence. Pivi était un acteur clé de la junte de 2008 et avait une influence majeure au sein de l’armée, lui permettant d’organiser son évasion. Il était parmi les officiers à avoir une base de followers significative dans l’armée guinéenne et a recruté un grand nombre de subordonnés, selon le chercheur.
Un de ses associés, qui a gardé l’anonymat pour des raisons de sécurité, se rappelle de Pivi, connu aussi comme « Coplan », en tant que leader du ministère de la sécurité présidentielle sous Moussa Dadis Camara, et ensuite conseiller du président Alpha Condé.
Cet homme était respecté et avait une énorme présence. Ce champion de karaté, qui a combattu pendant les guerres en Sierra Leone et au Liberia, est toujours très respecté. La personne sous anonymat craint sa mort en prison si Pivi est extradé à Conakry, en référence à Sadiba Coulibaly, ancien proche de Mamadi Doumbouya, dont les circonstances de sa mort restent floues en détention. L’individu ajoute que Pivi doit être tenu responsable de ses actions mais devant la Cour pénale internationale où sa sécurité sera assurée.
Le procès du 28 Septembre a été célébré comme un évènement historique sans précédent par plusieurs Guinéens ainsi que par plusieurs chancelleries occidentales qui collaborent facilement avec la junte aujourd’hui au pouvoir. Néanmoins, Vincent Foucher suggère que ce procès pourrait être utilisé pour légitimer la politique répressive de Mamadi Doumbouya et pour retarder la transition ».