Après de longues semaines de luttes politiques, Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, a finalement dévoilé sa nouvelle équipe de commissaires et leurs responsabilités le mardi 17 septembre à Strasbourg. Cette configuration est centrée sur la promotion de la compétitivité européenne. La répartition des responsabilités entre les 27 commissaires – un pour chaque pays membre – constitue une étape cruciale pour le démarrage du mandat de cinq ans de cette Commission européenne.
La nouvelle équipe se compose de onze femmes et de seize hommes, soit une répartition de 40% de femmes. C’est ce qu’a annoncé la dirigeante allemande lors de son intervention au Parlement européen à Strasbourg. La Présidente Von der Leyen, qui visait la parité dans son équipe de 27 commissaires, a précisé que les propositions initiales des pays membres comptaient seulement 22% de femmes. Elle a qualifié ce chiffre d’ « inacceptable », tout en admettant qu’il restait encore beaucoup à faire malgré les progrès réalisés.
Dans une tentative de répondre aux critiques, quatre des six postes de vice-présidence de la Commission ont été attribués à des femmes : Teresa Ribera d’Espagne, Henna Virkkunen de Finlande, Kaja Kallas d’Estonie et Roxana Mînzatu de Roumanie. Les deux postes restants sont occupés par des hommes : Stéphane Séjourné de France et Raffaele Fitto d’Italie.
Stéphane Séjourné, proche d’Emmanuel Macron, a été nommé à la tête d’un portefeuille clé axé sur la stratégie industrielle au sein de la nouvelle Commission européenne, en lieu et place du sortant Thierry Breton. Il aura la tâche de redynamiser l’industrie européenne, un enjeu majeur pour les années à venir. Von der Leyen a affirmé qu’elle connaissait bien Séjourné et qu’elle croyait en sa capacité à devenir un « grand » commissaire.
Teresa Ribera, l’Espagnole du parti socialiste, experte en climat et ministre sous Pedro Sanchez, a hérité d’un vaste agenda dédié à la transition écologique. Elle pourrait assumer un rôle majeur au sein du nouveau cabinet bruxellois. De son côté, l’Italien Raffaele Fitto du gouvernement de droite dirigé par Giorgia Meloni, est responsable de la cohésion et des réformes. Meloni s’est réjouie de cette nomination qui « reflète le rôle central que notre pays a retrouvé au sein de l’UE ». Néanmoins, malgré les avertissements d’opposition de la gauche et du centre, il a été nommé. De même, Andrius Kubilius de la Lituanie a été désigné commissaire à la Défense et à l’Espace, un poste nouvellement instauré par Ursula von der Leyen pour gérer la crise en Russie et le conflit en Ukraine.
Les négociations concernant ces postes ont été difficiles sur les coulisses, venant jusqu’à la dernière minute. Le lundi, c’est le puissant commissaire français sortant Thierry Breton qui a démissionné de manière spectaculaire, victime de sa mauvaise relation avec von der Leyen. Pour le remplacer, Emmanuel Macron a proposé son proche collaborateur, Stéphane Séjourné, l’ancien ministre des affaires étrangères. Paris espérait alors obtenir la vice-présidence de la Commission avec un large agenda dédié à la « souveraineté industrielle, technologique et compétitivité européen ».
L’Union Européenne se trouve à un moment géopolitique crucial, confrontée à la guerre en Ukraine, aux élections présidentielles aux États-Unis et à la montée économique de la Chine. Mme Von der Leyen a souligné la nécessité d’une économie compétitive, circulaire et décarbonée, s’inspirant du rapport récent de Mario Draghi sur les obstacles économiques de l’Union. Elle a évoqué trois objectifs essentiels pour les cinq prochaines années: la prospérité, la sécurité et la démocratie.
Cependant, trois mois après des élections européennes marquées par une montée de l’extrême droite, il y a des craintes que l’accent nouveau mis sur les questions économiques se fasse au détriment des objectifs climatiques du mandat précédent. Von der Leyen a répondu que la lutte contre le changement climatique doit se poursuivre, mais toujours dans le cadre de la compétitivité.
Une fois que l’équipe de Mme von der Leyen aura été présentée, les candidats commissaires devront se soumettre à des auditions devant les députés européens et à un vote d’approbation. Cette démarche représente un enjeu institutionnel face au Parlement, souvent déterminé à faire valoir son autorité en rejetant certains candidats.
Plusieurs députés envisagent de rejeter le candidat hongrois, reproché d’avoir ignoré le Parlement européen et d’être trop sympathisant avec le Premier ministre nationaliste Viktor Orban. Dans le contexte de la présidence hongroise de l’UE, M. Orban devait prendre la parole à Strasbourg mercredi, mais a dû annuler sa visite en raison de la tempête Boris qui a frappé l’Europe centrale.
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