Catégories: Actualité
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17 septembre 2024 10 h 44 min

Mères solos : combat invisible

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Est-ce cette voisine qui se réveille tôt pour maintenir l’ordre chez elle avant le lever de ses enfants? Une collègue de travail qui se fait discrète en soirée et garde à elle-même le mystère de sa vie personnelle? Une amie que vous hésitez à inviter aux « dîners en couple »? Ou est-ce vous, cette mère célibataire qui se sent parfois submergée par la solitude ? Le reportage de Johanna Luyssen, journaliste à Libération, dévoile l’identité et la réalité collective de ces 1,5 million de femmes qui assument seules l’éducation de leurs enfants.
L’image esquissée est frappante. Dans une ratio d’une famille sur quatre en France, une famille est composée d’un seul parent, majoritairement la mère à 82%. Pour ces mères, l’insécurité financière n’est pas une simple ombre, mais souvent un quotidien. Pour soutenir ceci, Johanna Luyssen cite que 22% des enfants de familles monoparentales avec leur père étaient dans la pauvreté en 2018 – un chiffre qui reste proche de la moyenne -, tandis que cela atteint 45% pour les enfants de familles monoparentales avec leur mère.
À travers chaque chapitre, l’auteure expose concrètement les épreuves que ces femmes affrontent tous les jours. Se posent d’abord les problèmes de logement. Luyssen, elle-même mère célibataire, dévoile qu’après deux années à attendre un logement social à Paris, on lui a clarifié que selon les règles de l’hébergement social, un parent seul et un enfant ont droit à un deux-pièces, un parent seul avec deux enfants, un trois-pièces, etc. En d’autres termes, elle devait se contenter de dormir dans le salon. S’ajoutent à cela les obstacles de l’emploi et de la carrière professionnelle (67% des mères célibataires ont un emploi, contre 81% des pères dans la même situation), les questions de la garde des enfants, et de la santé physique et mentale. Le constat est dévastateur.
Des pensions alimentaires restent impayées.

Dans la seconde section de son livre, Johanna Luyssen essaie de proposer des sources d’optimisme: diverses approches pour un logement accessible, telle que des initiatives de logement communales, des stratégies pour persuader son employeur de financer de manière économiquement équitable les frais de garde d’enfants, par exemple. Cela dit, la plupart des mesures potentiellement susceptibles d’améliorer la vie de ces femmes dépendent d’un engagement politique et de réformes qui, à l’heure actuelle, ne figurent pas à l’agenda.

Exemple le plus éloquent: les pensions alimentaires. En 2019, le taux de non-paiement était de 40 %. L’objectif de l’organisme public responsable de la recouvrement est de réduire ce chiffre à 21 % en 2027. Ce qui signifie encore un manque de paiement sur cinq.

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