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17 septembre 2024 16 h 47 min

Logique comptable vs école publique

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La France est parmi les pays membres de l’OCDE avec le plus grand nombre d’élèves par classe. Un tiers des écoles primaires en France hébergent plus de 25 écoliers par salle de classe, avec une moyenne de 25/26 élèves en collège et 29/30 élèves en lycée. Considérant ce fait, la publication récente du rapport des inspections générales, commandé par Matignon en 2023 et publié en préparation du budget de 2025, semble être une provocation flagrante. De plus, ce rapport s’aligne avec la politique éducative ultralibérale initiée depuis 2017, une politique qui détruit progressivement notre système d’éducation publique.
Le rapport, en utilisant le prétexte de la diminution de la démographie scolaire pour justifier la réduction des ressources d’enseignement, soutient les affirmations du gouvernement sur le besoin « de réduire les déficits publics ».
La philosophie ultralibérale, invoquant une « meilleure correspondance entre le nombre de classes et le nombre d’élèves dans chaque école et établissement » comme argument trompeur, mène une logique de calcul opposée à l’idéal d’une école publique de qualité pour tous et ce, partout dans le territoire national. Cette logique met en lumière son objectif « d’optimisation » que les auteurs du rapport détaillent selon trois différentes perspectives.

La poursuite de la « chasse aux effectifs » pourrait entraîner la fermeture de 600 classes dans les écoles primaires, avec une réduction de 1 000 à 1 450 classes de collège. De plus, l’équivalent de 1 380 à 1 820 postes à temps plein pourrait être éliminé dans les lycées, aboutissant à une diminution des options et des enseignements spécialisés ainsi qu’à une réduction des classes à effectifs réduits.

L’augmentation des seuils pour le doublement de classe en REP+ et prioritaire pourrait aller de 13 à 17 élèves par classe, alors qu’actuellement il y a 12 élèves. Cette mesure pourrait fermer de 117 à 2 359 classes.

Il est également prévu de revoir la disposition géographique des établissements, pour mieux répartir les écoles et les établissements en fonction du nombre d’élèves et du temps de déplacement de chacun à leur établissement. Cela pourrait provoquer la fermeture de 1 925 écoles, soit 4% de toutes les écoles, et la suppression de 4 927 postes à temps plein dans le primaire et 800 dans les collèges. Cela résulte en la fermeture de 33 établissements.

Cette approche axée sur les chiffres semble inhumaine et totalement déconnectée de la réalité des écoles. Elle va à l’encontre de l’idée d’une école publique de qualité pour tous sur le territoire de la République.

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