Le 7 août, un amendement proposé par le parti d’extrême droite bulgare Vazrajdane (Renaissance), appuyant des positions pro-russes, a été largement approuvé par le Parlement bulgare. Cet amendement interdit la propagation d’ « orientations sexuelles non traditionnelles » et d’une identité de genre « non conforme à la biologique » auprès des jeunes. L’amendement sera promulgué, malgré l’appel à veto du commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe.
La Bulgarie est devenue le troisième pays de l’Union Européenne (UE) à adopter cette législation, après la Lituanie en 2014 et la Hongrie en 2021, malgré des échecs en Roumanie en 2020 et 2022. Cette loi est essentiellement une réplique de la législation russe, mise en place en 2013 par Vladimir Poutine après sa réélection disputée, et étendue à tous les citoyens majeurs en 2023, pendant les hostilités en Ukraine.
La menace sur les libertés sexuelles et les études de genre dans le secteur académique, qui sévit depuis une dizaine d’années, est une facette de l’effort de déstabilisation des démocraties libérales orchestré par la Russie. L’ex-zone d’influence impériale russe, s’étendant du Caucase à l’Asie centrale, a également été le théâtre de cette stratégie efficace. Par exemple, la Géorgie, un nouveau candidat à l’UE, a récemment vu son gouvernement approuver une loi semblable, grâce à l’initiative du parti Dream of Georgia, en juin. Auparavant, en 2015, le Kirghizistan et le Kazakhstan avaient édicté des lois similaires, temporairement bloquées sous la pression de la communauté internationale. Toutefois, le Kirghizistan a réussi à sanctionner une telle loi en 2023, tandis qu’au Kazakhstan, une pétition révélée en juin par une association parentale pourrait conduire à l’acceptation de cette législation.
Anti-Occident est à l’ordre du jour
On note aussi l’influence du Kremlin par le biais de ses agents d’influence, allant des républiques du Sahel dirigées par des juntas militaires jusqu’au Liban, où un projet similaire a été soumis en 2023. Les mercenaires du groupe Wagner ou les milices pro-iraniennes agissent comme intermédiaires. Cette campagne s’aligne avec un programme résolument anti-occidental, teinté d’ambition décoloniale et de prosélytisme religieux. Elle vise à faire de la répression des libertés sexuelles et la défense d’une hétérosexualité et d’un patriarcat présumés attaqués le pilier d’une ressurgence ultraconservatrice.
Ce « retour en arrière » qui contredit plusieurs décennies d’avancement du mouvement LGBT+ et des libertés sexuelles, est certainement soutenu par une variété de scénarios, même dans les démocraties les plus stables. Ceci inclut le mouvement « Make America Great Again » initié par Donald Trump aux États-Unis, ou les obsessions natalistes et nativistes promues par Reconquête! en France, et par l’ AfD en Allemagne. Cela ne peut pas être dissocié de sa base idéologique, ni des stratégies de subversion disponibles au Kremlin : exploitations de bots, médias en ligne prétendus, campagnes menées via des services de messagerie cryptés comme Telegram ou WhatsApp pendant des élections, prêts à des groupes politiques, et un décret présidentiel émis le 1er septembre, qui offre un visa de séjour « idéologique » à ceux qui sont victimes de la propagation des « valeurs sataniques » occidentales. Il reste 43.48% de cet article à lire, qui est réservé aux abonnés.
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