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16 septembre 2024 11 h 47 min

Israël : libération otages rejoint contestation

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Anat Angrest, reconnue sur les écrans géants dans le centre de Tel-Aviv, suscite une onde de frémissements parmi la foule qui n’a pas pu atteindre le lieu du rassemblement organisé par le Forum pour les proches de disparus et de captifs. Les avenues du centre sont remplies par une centaine de milliers d’individus la nuit du samedi 14 septembre, pour la grande manifestation hebdomadaire de clôture du shabbat en soutien à la libération des otages de Gaza. Cette dernière, pendant près d’un an, se tenait à une courte distance d’une autre manifestation visant à exiger la démission du gouvernement. Le rassemblement gigantesque de ce soir, lors de la 344ème journée de la détention d’otages, est « unitaire » et proteste contre tout à la fois. Anat Angrest adresse un discours et défie le Premier ministre, Benyamin Netanyahu, lui demandant son plan d’action pour la libération des otages et interroge le rôle des ministres d’extrême droite  » [Itamar] Ben Gvir et [Bezalel] Smotrich « , qui ont revendiqué leur opposition à tout accord d’échange de prisonniers avec le Hamas, tant que celui-ci existera, considérant que cela serait une présomption de capitulation. Anat Angrest les qualifie de fous et la foule les huent.

Anat Angrest est souvent surnommée « la lionne » lors des rassemblements, vantée pour sa fermeté incessante en défendant « le deal », qu’elle considère comme la seule opportunité de revoir son fils Matan, un soldat enlevé le 7 octobre 2023 à la base de Nahal Oz, alors qu’il était blessé. Ce soir-là, elle a décidé de diffuser un enregistrement de la voix de Matan, capturée pendant sa détention. L’enregistrement provient d’une vidéo filmée par Hamas, récupérée par l’armée israélienne à Gaza. Maintenant, une mère reste impassible, tandis que la voix de son fils de 21 ans résonne dans les allées remplis de gens et ornées de drapeaux israéliens. Des mains s’unissent, des larmes coulent et des couples se tiennent serrés. Les captifs risquent leur vie, une réalité qui est devenue douloureusement claire le 31 août, lorsque six otages ont été annoncés exécutés par leurs ravisseurs du Hamas dans un tunnel de Gaza, comme l’armée israélienne se rapprochait. De la détresse à la fureur.

Yoram Nissenboim, un vétéran des protestations, a ressenti ce moment comme une frappe violente à l’abdomen. « On a basculé entre le désespoir et la fureur. C’est plutôt positif. L’individu qui désespère ne fait rien et reste immobilisé. Par contre, quand on est furieux, on passe à l’action », explique-t-il. Suite à cette décharge émotionnelle, une manifestation mobilisant environ un demi-million de personnes a été organisée à Tel-Aviv, simultanément avec d’autres rassemblements à travers le pays. Un barrage s’est rompu – celui qui érigait une frontière entre les manifestants en faveur de l’accord et ceux demandant la démission du gouvernement. C’est alors que la plus significative des associations, le Forum des familles des otages et des disparus, qui avait fait preuve d’une détermination exceptionnelle pendant onze mois pour garder la politique à l’écart de ses revendications, n’avait désormais plus qu’une seule cause à défendre.
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