Dans le contexte d’un regain de tensions suite aux élections présidentielles au Venezuela, la France a conseillé à ses citoyens de repousser tous les voyages non essentiels à ce pays. Cette recommandation fait suite à la détention de trois Américains, deux Espagnols et un Tchèque par les autorités vénézuéliennes pour leur implication présumée dans des plans pour déstabiliser le pays. Le Centre de crise et de soutien du ministère des affaires étrangères a également conseillé à ceux déjà au Venezuela d’éviter les manifestations politiques et de rester informé sur la situation politico-sécuritaire.
Selon Josep Borrell, le haut représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, le régime du président vénézuélien, Nicolas Maduro, est « dictatorial ». Dans une interview diffusée en Espagne, Borrell a déclaré qu’après les élections, plus de 2 000 personnes ont été détenues de manière arbitraire, que le leader de l’opposition a fui le pays, et que les partis politiques sont confrontés à de multiples entraves. Par ailleurs, il a souligné que le Venezuela a organisé des élections, mais n’était pas une démocratie avant celles-ci et l’est encore moins après.
C’est dans un contexte tendu que s’intensifient les accusations, à la suite de l’arrestation par le Venezuela de trois citoyens américains, deux ressortissants espagnols et un Tchèque, suspectés de participer à une supposée conspiration visant à déstabiliser le pays. Le gouvernement a annoncé avoir saisi environ 400 armes à feu en provenance des États-Unis. Ces affirmations ont été rejetées par Washington et Madrid qui nient toute implication dans cette affaire.
Le ministre vénézuélien des Affaires étrangères, Yvan Gil, a vivement réagi aux déclarations de M. Borrell, le qualifiant sur Telegram de « porte-parole du mal » qui serait destiné à l’ « oubli historique ». Gil a également dirigé des critiques acerbes vers Borrell, l’accusant d’avoir réduit l’Union européenne à une institution faiblissante, colonialiste et belliqueuse.
Les relations diplomatiques entre le Venezuela et l’Espagne se sont encore envenimées jeudi dernier. Le Venezuela a rappelé son ambassadeur à Madrid pour des consultations et a convoqué l’ambassadeur espagnol à Caracas pour des discussions, après que la ministre espagnole de la Défense, Margarita Robles, ait qualifié le régime de Maduro de dictature et exprimé sa solidarité envers les Vénézuéliens forcés de quitter leur pays. L’Espagne, à l’image de tous les États membres de l’UE, demande la divulgation complète des procès-verbaux des bureaux de vote à l’issue de l’élection présidentielle du 28 juillet – une demande que le Venezuela a refusé, prétendant être victime d’un piratage informatique.
Le CNE a déclaré M. Maduro gagnant de l’élection avec 52% des votes. Cependant, l’opposition affirme, se basant sur les procès-verbaux de leurs observateurs, qu’Edmundo Gonzalez Urrutia, l’opposant politique en exil en Espagne, a recueilli plus de 60% des votes. Les manifestations spontanées qui ont suivi l’annonce des résultats ont engendré 27 décès et 192 blessés dans le pays, tandis que près de 2 400 personnes ont été appréhendées, selon une source officielle.
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