Le roman « Amours manquées » de Susie Boyt, traduit par Stéphane Vanderhaeghe et publié par La Croisée, est disponible à 22 € pour le format papier et à 15 € pour le format numérique. Après avoir terminé ce merveilleux livre, on ne peut s’empêcher de se demander pourquoi c’est le premier des sept romans de Susie Boyt, une écrivaine britannique, à être traduit en français. Ce livre rend hommage à son talent exceptionnel pour les lettres et sa compréhension profonde de la nature humaine.
Le protagoniste du roman, Ruth, est une femme forte, sarcastique et solitaire. Après que sa fille Eleanor, dépendante aux drogues, ait eu une petite fille nommée Lily, Ruth décide de garder la petite et de l’élever. Tout au long du récit, elle vit dans l’angoisse perpétuelle : la peur qu’Eleanor revienne réclamer Lily un jour, et la peur de la mort possible d’Eleanor. Ces peurs sont présentes tout le long du livre mais Ruth n’ose pas les exprimer ouvertement.
Dans ce récit, Ruth évite soigneusement d’être trop explicite, en particulier lorsqu’elle parle de la situation de sa fille. Elle n’évoque jamais clairement l’héroïne, l’overdose ou les aiguilles, optant pour ne pas définir Eleanor par ses vices. C’est sa façon à elle de montrer son amour envers sa fille.
À partir de son domicile de Londres, où elle a accordé une interview au « Monde des Livres », Susie Boyt évoque l’instant où l’idée de son roman lui est apparue. « L’année de la disparition de ma mère, je ne pouvais pas envisager de célébrer Noël à Londres comme à mon habitude. Ainsi, j’ai décidé de me rendre à Miami avec mon époux et mes enfants – j’étais véritablement mal ! Le soir du 24 décembre, après notre séance de cinéma, nous avons découvert un immense monument rose qui s’est révélé être une église spécialisée dans les troubles mentaux. À l’intérieur, nous avons vu des gens qui semblaient être sous l’effet de l’alcool ou de la drogue. Je revois encore ces deux petites filles en manteaux synthétiques, près de grands cierges vacillants. Je les surveillais tout en écoutant le sermon, qui traitait du deuil, un sujet idéalement approprié pour moi à ce moment-là. Cette endroit dégageait à la fois de l’empathie et une ambiance oppressante. Cela m’a donné l’idée d’écrire un livre animé par des courants d’amour puissants, mais inefficaces, décevants. » Cet épisode a surtout inspiré le chapitre relatif au baptême de Lily, où chaque personnage, y compris le prêtre, s’efforce de donner le meilleur d’eux-mêmes, culminant au moment où Ruth enlève Lily à ses parents, dans une scène à la fois profondément dickensienne et théâtrale.
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