Lorsque Donald Trump a invité cette semaine une controversée influenceuse de droite radicale dans son cercle intime, il n’aurait jamais pu deviner le tumulte qu’il créerait au sein de la communauté MAGA (Make America Great Again), habituellement unie. Laura Loomer, une personnalité très critiquée, a été aperçue aux côtés du candidat républicain lors de la cérémonie commémorant les attentats de 2001 à New York, le mercredi 11 septembre. Elle était en coulisses la veille, pendant le débat de Trump avec Kamala Harris à Philadelphie.
Deux jours avant cela, Laura Loomer avait posté un message sur son compte X, suivi par 1,3 million d’abonnés, qui a choqué les plus fervents supporters du milliardaire. Elle a prédit que, si Kamala Harris est élue, la Maison Blanche « sentirait le curry », faisant référence aux origines indiennes de la mère de la vice-présidente. Ce commentaire a été la goutte qui a fait déborder le vase pour plusieurs figures de l’entourage de Donald Trump.
« C’est déplorable et extrêmement raciste », a dénoncé Marjorie Taylor Greene, membre de la frange la plus conservatrice du Parti républicain. « Ce n’est pas représentatif de ce que nous sommes en tant que républicains ou que MAGA. Cela ne représente pas le président Trump ». Willie Montague, candidat au Congrès dans une circonscription de Floride où résident Donald Trump et Laura Loomer, a ajouté : « C’est répugnant. Il faut que quelqu’un l’arrête ».
La passionaria n’a pas tardé à réagir avec fermeté. « Ceux qui me critiquent parmi les républicains sont simplement frustrés de n’avoir pas eu l’opportunité de voyager avec le président Trump. C’est aussi simple », a-t-elle posté vendredi sur X. Quand on a demandé son avis à Donald Trump lors de son séjour en Californie quelques heures plus tard, celui-ci a caractérisé Laura comme un « esprit indépendant ». « Je ne peux pas contrôler Laura. Laura exprime librement ses opinions », a-t-il ajouté.
Identifiée comme une « journaliste d’investigation », Laura Loomer est accusée par un grand nombre de ses détracteurs de racisme, d’homophobie, de transphobie et d’islamophobie. Tout comme son guide, qui est de 47 ans son aîné, elle est célèbre pour ses déclarations scandaleuses qui secouent les réseaux sociaux.
Laura Loomer a, entre autres, déclaré que l’islam était un « cancer », que les attentats du 11-Septembre étaient un « complot de l’intérieur » et a mis la faute sur Joe Biden pour la tentative d’assassinat de Donald Trump en juillet.
Anthony Scaramucci, qui a occupé le poste de directeur de la communication de la Maison Blanche pendant onze jours aux côtés du seul mandat du précédent président républicain, a affirmé que c’était Laura Loomer qui alimentait une bonne partie des messages agressifs relayés par Trump sur son réseau social.
« Fanatique complotiste »
« L’histoire de cette femme est vraiment nocive », a déclaré le sénateur de Caroline du Sud Lindsey Graham au Huffington Post. Ce pilier du Parti républicain a même osé donner un conseil à Donald Trump, en suggérant que le candidat « se ferait une faveur en évitant que cette affaire ne prenne trop d’ampleur », c’est-à-dire en mettant Laura à l’écart de son équipe.
Thom Tillis, un autre représentant du parti républicain, a également exprimé son mécontentement. «C’est assez», a-t-il insisté sur X, décrivant Laura Loomer comme une conspiratrice délirante qui émet constamment des absurdités capables de diviser les républicains. Il a poursuivi en disant qu’un espion démocrate n’aurait pas pu faire mieux pour compromettre les chances de réélection de Trump.
Laura Loomer, cependant, n’a montré aucun signe de répit. Au contraire, dans un long message publié vendredi, elle a accusé Lindsey Graham de déloyauté envers Donald Trump, ajoutant qu’il était «saoul comme une barrique» le soir du débat.
Du point de vue de Kamala Harris, ce conflit au sein du camp trumpiste est intéressant à observer. «Laura Loomer n’est pas le problème. Le problèm, c’est Trump», a déclaré David Plouffe, conseiller de la campagne démocrate.