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Fujimori divise le Pérou

Des milliers de personnes se sont rassemblées les 12 et 13 septembre aux alentours du ministère de la culture pour rendre hommage à Alberto Fujimori, l’ancien autocrate qui a gouverné le pays de 1990 à 2000. Ce dernier est décédé mercredi à l’âge de 86 ans. Le public a eu l’occasion de se recueillir auprès de son cercueil pendant qu’il était exposé dans le salon Nazca de l’immense bâtiment brutaliste. Son fils, Kenji, en larmes, se tenait auprès de son cercueil aux côtés de sa sœur, Keiko. Les cris de « Chino! Chino! » – le surnom de l’ancien président malgré ses origines japonaises – résonnaient à plusieurs reprises parmi la foule.

Dina Boluarte, la présidente de la République, a proclamé un deuil national de trois jours. Les drapeaux ont été mis en berne sur les édifices publics. Via le compte officiel de la présidence, elle a partagé le message « Que Dieu l’accueille dans sa gloire et qu’il repose en paix », avant de se rendre à la veillée funéraire vêtue d’une veste blanche et d’une jupe noire.

La déclaration de deuil national a suscité l’indignation de certains Péruviens. En 2009, Alberto Fujimori a été condamné à 25 ans de prison pour corruption et pour sa participation aux massacres de Barrios Altos et de La Cantuta, qui ont causé la mort de 25 civils au début des années 1990. Ces actes ont été qualifiés de « crimes contre l’humanité » par le président du tribunal.

Malgré de graves violations des droits de l’homme, Alberto Fujimori a été libéré en 2023 suite à une décision controversée du Tribunal constitutionnel pour des raisons « humanitaires ». En effet, Fujimori prétendait être si malade qu’il vivait ses derniers instants. Malgré l’opposition de la Cour interaméricaine des droits de l’homme, Alberto Fujimori a reçu les honneurs dus « au président de la République en exercice ».

L’ancien président reste une source de discorde majeure dans la communauté péruvienne, créant deux groupes incompatibles. Selon certains, c’est lui qui a mené une lutte contre le terrorisme et a mis fin à la faction maoïste du Sentier Lumineux, qui avait semé la panique au Pérou pendant les années 1980 et 1990. Il est aussi crédité d’avoir sorti le pays d’un désastre économique, avec une inflation annuelle atteignant 5 000 % lorsqu’il a pris les rennes du pouvoir.

Cependant, d’autres le perçoivent comme un autocrate qui a orchestré un coup d’État en 1992, en dissolvant le Parlement et en dirigeant par décrets pendant plusieurs mois. Ils l’accusent de graves atteintes aux droits de l’homme dans sa guerre contre le terrorisme et de la disparition des services publics ainsi que de l’augmentation de la pauvreté par son plan d’austérité néolibéral – le « Fujichoc».

Les victimes, quant à elles, n’ont pas obtenu un mot de pitié. La continuation de cet article est strictement réservée aux abonnés.

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