L’organisation sanitaire publique britannique, le National Health Service (NHS), nécessite une « intervention chirurgicale d’ampleur » plutôt que des remèdes temporaires. Suite à la divulgation d’un rapport critique de 142 pages ordonné par le gouvernement en début d’été, le premier ministre britannique, Keir Starmer, s’est engagé le jeudi 12 septembre à instaurer un plan de restructuration du NHS sur une décennie.
Instauré peu après la seconde guerre mondiale dans le but de fournir des soins médicaux gratuits à tous les habitants, le NHS, administré par le gouvernement, est en proie à une crise sévère, exacerbée par la pandémie COVID-19, et manque cruellement de personnel et de financement. Pour faire face à la hausse des coûts de soins pour une population vieillissante sans recourir à l’augmentation des impôts, Keir Starmer souligne la nécessité d’une « intervention chirurgicale majeure » et non de simples expédients.
« Les travailleurs ne peuvent plus subir d’augmentation d’impôts, c’est donc une question de réforme ou de péril, » a déclaré le premier ministre travailliste, qui est conscient que ces changements pourraient être impopulaires. « Seule une révision radicale et une stratégie à long terme peuvent permettre de rétablir le NHS et de construire une société en bonne santé. Ce ne sera pas une tâche aisée, ni rapide. Un plan sur dix ans est nécessaire. »
Il n’a pas évoqué beaucoup de détails concernant le plan proposé et n’a pas mentionné quand le projet serait publié. Keir Starmer a reproché au précédent gouvernement conservateur d’avoir « ruiné le NHS », laissant derrière lui des conséquences qu’il considère comme dévastatrices.
Dans un document récent, Ara Darzi, un chirurgien siégeant à la Chambre des Lords, a dévoilé les défaillances du NHS. Selon ce rapport, le NHS a été touché par un manque de financement, une tentative de réorganisation inefficace, ainsi que la crise de Covid-19. Il a également fait ressortir une augmentation des cas de maladies chroniques, comme le diabète et l’hypertension.
Le Royaume-Uni présente un taux de cancer plus important comparé à d’autres pays d’Europe, une longue file d’attente pour les soins, et 10% des personnes arrivant à l’urgence ont dû attendre plus de 12 heures avant d’être prises en charge. Après 30 ans passés dans le NHS, Ara Darzi exprime sa stupéfaction face à ces réalités.
Le premier ministre a directement accusé les conservateurs des problèmes rencontrés par le NHS, relevant une période de dix ans de restrictions économiques depuis la création du NHS. Il a également proposé trois transformations pour le NHS : l’adoption du numérique pour augmenter l’efficacité, le renforcement des soins en ambulatoire pour réduire la pression sur les hôpitaux, et la mise en place d’une prévention plus efficace. Ces initiatives incluent davantage d’examens et de soins à domicile, ainsi qu’un investissement à long terme dans les nouvelles technologies pour anticiper et prévenir les problèmes.
M. Starmer a exprimé la grande responsabilité que nous porte sur nos épaules, en plein milieu d’une génération en mouvement, en s’engageant à travailler de concert avec les professionnels de la santé, dont les médecins et les soignants. Ces derniers ont souvent fait grève ces deux dernières années pour revendiquer des augmentations de salaires et plus de ressources, notamment en terms d’effectifs. Selon le Premier ministre, ces réformes pourraient représenter la transformation la plus significative du NHS depuis sa création, tout en précisant sa volonté de ne pas alourdir la charge fiscale des travailleurs. Pendant les élections, tous les partis politiques avaient promis de rénover le NHS, bien que leurs promesses n’aient pas été financées, comme l’a souligné l’Institute for Fiscal Studies.