La rentrée politique a été marquée par une tension croissante en Europe sur la question de l’immigration, à l’instar du rétablissement des contrôles aux frontières de l’Allemagne, des expulsions de réfugiés afghans à destination de Kaboul, et des menaces du premier ministre hongrois, Viktor Orban, de transporter des migrants de Budapest à Bruxelles. Plusieurs diplomates à Bruxelles ont confirmé que ce sujet sera discuté lors du sommet des leaders européens prévu pour le milieu du mois d’octobre.
Malgré une baisse de 36% des entrées irrégulières dans l’Union européenne enregistrées par Frontex depuis le début de l’année (seulement 113 400 entrées enregistrées à la fin de juillet), et malgré l’établissement d’une série d’accords migratoires conclus avec la Tunisie, l’Egypte et le Liban, la situation politique n’a pas évolué comme le souhaitaient les partis au pouvoir. Le pacte sur l’immigration et l’asile, adopté par les vingt-sept en juin afin de gérer conjointement ces arrivées, n’a pas produit les résultats escomptés.
En effet, le succès croissant des partis d’extrême droite, apparent dans les élections européennes mais aussi lors des élections législatives en France et plus récemment dans les élections régionales dans deux régions de l’est de l’Allemagne, témoigne du regain d’intérêt pour la question migratoire. La victoire de l’AfD et d’un parti de gauche opposé à l’immigration ont remis cette problématique au cœur des préoccupations.
La série d’attaques meurtrières perpétrées par des réfugiés radicalisés en Allemagne, d’abord à Mannheim en fin mai, puis à Solingen fin août, a engendré une forte émotion. Face à cette situation, la coalition au pouvoir a été forcée d’agir rapidement dès la fin de l’été, mettant en œuvre différentes mesures : l’expulsion de 28 Afghans, le rétablissement des contrôles à toutes les frontières du pays dès le 16 septembre, et la réduction des aides sociales pour certains réfugiés. Le pays, jusque-là perçu comme l’un des plus accueillants d’Europe, a opéré un revirement total.
Donald Tusk qualifie cette manœuvre d' »inacceptable ». La politique migratoire est sur le point de se durcir, une position partagée entre Bruxelles et les capitales des autres membres de l’Union Européenne. Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission, devrait bientôt préciser les orientations de la future commissaire aux affaires intérieures dans son plan d’action. Hadja Lahbib, une libérale belge, pourrait être nommée à ce poste, bien qu’aucun pays ne l’ait encore réclamé en raison des nombreuses critiques potentielles.
Depuis 2015, les pays de l’espace Schengen, où la liberté de circulation est normalement la règle, ont régulièrement réinstauré des contrôles aux frontières pour garantir la sécurité. La France en est un exemple. En annonçant le rétablissement simultané de contrôles aux frontières avec ses neuf pays frontaliers, l’Allemagne fait passer un message fort. Cela a suscité des réactions négatives de la part de certains partenaires européens.
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