La « statue de libération » a été révélée à Libreville, située au centre d’un vaste terrain inoccupé en construction, lors des festivités commémorant le premier anniversaire du coup d’état du 30 août 2023. Orchestré par le chef de la garde républicaine, Brice Clotaire Oligui Nguema, et ses subordonnés, le coup d’État a réussi à contrer la manoeuvre électorale du président sortant Ali Bongo Ondimba, qui avait accédé au pouvoir en 2009 après le décès de son père Omar. La statue, une œuvre en bronze de deux mètres de haut conçue dans le style réaliste soviétique, a été importée de Chine en pièces détachées. Elle représente trois hommes main dans la main, le regard fixé sur un avenir meilleur, et plus concrètement, en direction du camp militaire français de Gaulle. Sur le socle, on trouve un civil entouré d’un officier et d’un soldat, leurs kalachnikovs à leurs pieds.
La source qui a participé au projet lancé en juillet nous a informé que le général Oligui a décliné l’offre de figurer sur l’une des statues. « Il aurait peut-être préféré que les trois visages lui ressemblent », a-t-elle ajouté avec ironie. En effet, selon les circonstances, Brice Oligui Nguema se retrouve dans le rôle de l’un ou l’autre de ces personnages. En tant que commandant en chef, il porte le uniforme rouge grenat de chef de la garde républicaine, sa poitrine ornée d’autant de médailles qu’un maréchal de l’armée russe. L’homme d’action dans lui opte souvent pour le treillis camouflé des commandos. Finalement, en tant que président de la transition, il revêt de plus en plus l’habit bien taillé lors de ses voyages officiels à l’étranger. Que ce soit à Paris, Pékin ou Washington, le général putschiste continue de se forger une réputation de chef d’état.
Un ancien homme politique gabonais décrit un nouveau venu en politique comme un militaire au cœur. Malgré son inexpérience, il apprend rapidement et assume son rôle de chef d’État. Ce novice, le général de brigade Oligui, homme d’armée et fils d’un officier, apprécie particulièrement deux figures militaires : le général de Gaulle et le Ghanéen Jerry John Rawlings, un charismatique récidiviste du coup d’État, reconnu pour avoir démocratiquement remis le pouvoir aux civils après presque dix-neuf ans de gouvernement continu.
Brice Clotaire, quant à lui, préfère une référence biblique, choisissant le surnom de « Josué », celui qui a conquis Canaan et a établi les tribus d’Israël après la mort de Moïse. Au cours d’une réunion publique à Libreville, en août, il a expliqué : « Moïse a libéré le peuple d’Israël de l’esclavage en Égypte, mais n’a pas réussi à les mener à la Terre promise, où le lait et le miel coulent. Appellez-moi Josué ». Son public a répété this nom avec enthousiasme. Un observateur étranger a interprété cela comme une mise en place du récit. « « Josué Oligui » et ses forces ont libéré le peuple de la domination imposée par Ali Bongo et sa famille. Par conséquent, le président et le Comité pour la transition et la restauration des institutions [CTRI, la junte militaire], sont là pour défendre ce même peuple », ajoute-t-il.
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